- Aurore Bergé a été entendue par les magistrats de la Cour de justice de la République jeudi 12 juin.
- Elle est accusée d’avoir fourni un faux témoignage à la commission d’enquête sur les dérives des crèches privées.
- La ministre a prétendu n’avoir aucun lien avec la lobbyiste Elsa Hervy.
Elle est visée par une enquête pour « faux témoignage ». Aurore Bergé, soupçonnée d’avoir menti sous serment sur ses liens avec une lobbyiste défendant les crèches privées, a été entendue ce jeudi 12 juin, a appris vendredi l’AFP de sources proches du dossier. À l’issue de cette audition devant des magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), la ministre en charge de l’Égalité entre les femmes et les hommes a été placée sous le statut de témoin assistée, échappant à ce stade à des poursuites.
Une relation amicale entre Aurore Bergé et Elsa Hervy ?
Aurore Bergé pourrait être prochainement réentendue sur des nouveaux éléments, a toutefois précisé l’une de ces sources, car les enquêteurs n’avaient pas terminé jeudi d’exploiter les perquisitions réalisées en février à son domicile, chez la lobbyiste Elsa Hervy et aux bureaux de la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC).
La ministre, qui « réserve ses réponses à la CJR »
, « récuse catégoriquement les accusations portées à son encontre sur un prétendu mensonge en commission d’enquête parlementaire »
, a réagi auprès de l’AFP son avocate, Jade Dousselin. Les gendarmes de la Section de recherches de Paris et trois magistrats de la CJR cherchent à déterminer si les deux femmes ont une relation particulière, qui aurait pu être sciemment cachée par Aurore Bergé, alors ministre des Familles. Elsa Hervy a été auditionnée deux fois, comme témoin simple, a indiqué une source judiciaire.
L’information judiciaire a été ouverte fin janvier après un signalement du bureau de l’Assemblée nationale. Des députés de La France insoumise et du groupe Écologiste et Social soupçonnent la ministre, issue de LR, d’avoir passé sous silence ses relations avec les lobbys devant la commission d’enquête parlementaire sur le modèle économique des crèches, le 30 avril 2024.
Sous serment, la ministre avait affirmé n’avoir aucun « lien personnel, intime ou amical, ni d’accointances »
avec la déléguée générale de la FFEC. « Je n’ai jamais eu une seule fois un rendez-vous privé en tête-à-tête »
avec Elsa Hervy, avait-elle ajouté. Dans son livre-enquête Les Ogres
(Flammarion), sur les dérives de certains groupes privés de crèches, le journaliste Victor Castanet évoque pourtant un « pacte de non-agression »
qui aurait été conclu entre Aurore Bergé, à l’époque où elle était ministre des Familles, entre juillet 2023 et janvier 2024, et Elsa Hervy.
Aurore Bergé, alors députée Ensemble pour la République (EPR), avait rejeté les accusations et porté plainte pour diffamation contre Victor Castanet. Le journaliste avait alors rendu publics des documents, dont un courriel adressé le 8 août 2023 par la ministre à sa directrice de cabinet, où elle dit à propos d’Elsa Hervy: « C’est surtout une copine 🙂 Elle sera très aidante avec moi. »