Quatre hommes condamnés pour meurtre ont été exécutés vendredi dans des stades remplis de monde en Afghanistan.
Un nouveau symbole du durcissement du régime ces derniers mois.
Pour défier ce régime islamiste, des jeunes ont décidé de tout risquer pour danser.
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L’Afghanistan aux mains des talibans
Des vidéos qui font le tour du monde, mais qui restent interdites en Afghanistan. Un défi au pouvoir taliban qui proscrit la danse et la musique. Dans ce pays tenu d’une main de fer par les extrémistes, de jeunes adolescents se cachent, dans des ruines ou sur des toits, pour se filmer anonymement et esquisser quelques pas de danse sur un air entraînant. Mais pour ces mouvements, visibles dans la vidéo en tête de cet article, ces jeunes âgés de seulement 14 ou 15 ans, sont recherchés par la police religieuse, qui les a identifiés sur la base de dénonciations.
Quatre exécutions en une journée
Des gestes de résistance qui se multiplient alors qu’en Afghanistan, malgré les promesses faites lors de leur retour au pouvoir en 2021, les talibans font de nouveaux régner la terreur. La charia est appliquée strictement, les femmes – qui doivent se couvrir totalement en portant la burqa dès l’âge de 15 ans – n’ont plus le droit de sortir seules, ne travaillent pas, et ne vont ni à l’école ni à l’université.
Nouvelle preuve du durcissement du régime : vendredi 11 avril, quatre hommes ont été exécutés dans un stade, le plus grand nombre en un seul jour depuis le retour au pouvoir des extrémistes. Et si les exécutions publiques étaient courantes sous le premier régime, entre 1996 et 2001, celles-ci ont été drastiquement réduites depuis leur retour à Kaboul. En quatre ans, six hommes ont été exécutés pour « meurtre » : un en novembre, trois en février 2024, un en juin 2023 et un premier en décembre 2022. À chaque fois sous les yeux de dizaines de milliers de spectateurs réunis dans des stades à l’appel des autorités locales.
Mais peu d’images filtrent de ces exécutions, car les talibans se souviennent qu’en 1999, la vidéo de l’exécution publique d’une femme avait alerté le monde entier sur la barbarie de leur régime. Zarmina, une Afghane en burqa, avait alors été tuée de plusieurs balles dans la tête devant des milliers de personnes dans un grand stade de Kaboul après avoir été reconnue coupable d’avoir tué son époux.
Depuis août 2021, les autorités procèdent régulièrement à des flagellations publiques pour d’autres crimes, comme le vol, l’adultère ou la consommation d’alcool. L’émir Hibatullah Akhundzada avait affirmé en août 2024, pour le troisième anniversaire de la prise de Kaboul, que l’application de la loi islamique était « une responsabilité jusqu’à la mort ». Peu après, les autorités annonçaient une nouvelle loi de « propagation de la vertu et de la répression du vice » régissant tous les aspects de la vie sociale et privée des Afghans selon une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique.