Quelle effervescence culturelle à Lagos ! Entre la Felabration, qui célèbre, chaque année à l’automne, l’héritage du musicien Fela Kuti (1938-1997), à l’affiche de la salle de concerts New Afrika Shrine du 14 au 20 octobre, et la foire Art X Lagos, rendez-vous international de l’art contemporain africain, qui a eu lieu du 31 octobre au 3 novembre, une manifestation joue des coudes pour se tailler une place dans l’agenda. Le festival pluridisciplinaire Afropolis, piloté par le chorégraphe nigérian Qudus Onikeku, a carrément bloqué une rue pendant neuf jours, du 26 octobre au 3 novembre, à proximité du National Museum, pour planter l’étendard de son immense terrain de jeu.
Un portail lumineux aux airs de palais oriental se dresse à l’entrée. Bienvenue à Afropolis, bulle multicolore et pétillante au sein de la plus grande mégalopole d’Afrique ! Avec ses 22 millions d’habitants et sa pauvreté extrême, Lagos est aussi le tremplin d’une formidable dynamique créative musicale et cinématographique – Nollywood talonne désormais Bollywood, en Inde – qu’Afropolis reflète.
Une enfilade de barnums blancs pour boire, manger ou acheter des produits locaux est le cœur battant – avec la cantine joyeusement cacophonique – des 18 000 mètres carrés hypersécurisés du John Randle Centre, qui accueille le festival. « Ce lieu, fermé depuis longtemps, a rouvert après une dizaine d’années de travaux avec notre événement, précise Qudus Onikeku. Je viens d’en être nommé directeur, le 29 octobre, et je suis en train de réfléchir à son avenir. »
Pour la première fois, après Barcelone, en 2021, puis Marseille et Lyon, Afropolis fête en grande pompe sa nouvelle édition dans la ville de Qudus Onikeku. Né dans une famille de treize enfants, d’un père chef d’une entreprise de menuiserie et d’une mère fonctionnaire, il a emprunté une trajectoire sillonnant le monde.
Au début des années 2000, il part étudier à Paris et danse avec la compagnie d’Heddy Maalem, puis fonde sa propre troupe en 2009. Dix ans plus tard, le voilà à Miami (Floride), où il est chercheur à l’université de Floride, tout en faisant de multiples allers-retours entre le Nigeria et la France. La programmation, en 2013, de son spectacle Qaddish, au Festival d’Avignon, le pousse à une remise en question. « J’avais 29 ans et je me suis posé la question de mon rôle en tant que chorégraphe : si c’est juste créer et présenter des pièces, ça ne me suffit pas. Je veux relier l’art à la société. »
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