« Agresseur de l’ombre » : qui est Dino Scala, le « violeur de la Sambre » ?

Dino Scala, 64 ans, a été condamné en juillet 2022 aux assises du Nord à 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, pour une série de 54 viols, tentatives de viols et agressions sexuelles ou tentatives d’agressions sexuelles.

Entendu ce jeudi dans le cadre de 16 nouvelles affaires, il a été mis en examen pour 12 agressions sexuelles et un viol commis entre 1986 et 2009.

TF1info revient sur le profil de ce père de famille, ouvrier modèle et passionné de foot.

Les enquêteurs l’ont surnommé le « violeur de la Sambre ». Devant les psychologues, il s’est décrit comme un « agresseur de l’ombre ». Pendant des années, cet homme, dont l’identité sera révélée par la suite comme étant celle de Dino Scala, a été recherché par les forces de l’ordre après avoir agressé sexuellement des dizaines de femmes, mineures ou majeures, dans la région longeant cette rivière entre la France et la Belgique et des deux côtés de la frontière. Traqué, surveillé, il a fini par être interpellé le 26 février 2018 alors qu’il avait 57 ans, après une surveillance à Pont-sur-Sambre, autour de son domicile.

Jugé quatre ans plus tard, Dino Scala a été condamné en juillet 2022 à 20 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, pour une série de 54 « viols », « tentatives de viols », « agressions sexuelles » ou « tentatives d’agression sexuelle ». Poursuivi pour un total de 56 faits, il en a reconnu 40 et en a contesté 16. Il a d’abord fait appel de sa condamnation, avant d’y renoncer en octobre de la même année.

Ce jeudi 15 mai 2025, le détenu qui est à l’isolement a été extrait de sa cellule pour être entendu dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en mars 2023 pour une autre série de « viols », « tentatives de viols » et « agressions sexuelles » commis entre 1986 et 2009. À l’issue de son interrogatoire, il a été mis en examen par un juge d’instruction pour 13 agressions sexuelles et un viol, mais n’a pas reconnu les faits. À cette occasion, TF1info revient sur le profil de cet homme au-delà de tout soupçon. 

« Ouvrier modèle », « père de famille », « entraîneur de foot »

Comment ce Dr Jekyll est devenu au fil des ans ce Mister Hyde sans que personne se doute de rien ?  De son propre aveu, Dino Scala, né en 1961, a indiqué, au cours de l’un de ses premiers interrogatoires, que sa première agression « devait remonter à 1985« .  Il avait alors 24 ans, était marié et père de deux enfants.

Séparé en 1988 de sa première épouse, cet homme d’origine italienne par son père s’est tout de suite remis en couple et a eu par la suite trois autres enfants. Mais ni la présence de ses compagnes successives, ni celle de ses descendants n’ont permis de freiner ses pulsions. Pas plus que sa passion pour le football, alors qu’il passait des heures à entraîner les jeunes habitants de la région dans un club reconnu.

Ainsi, pendant plus de 30 ans, cet homme décrit comme un « bon ouvrier » par ses employeurs, cet ami et proche perçu comme « gentil », « serviable », « courageux », « franc », « travaillant tout le temps », sans addiction à l’alcool ou aux stupéfiants et « sans aucune exigence sexuelle particulière » a pourtant traumatisé des dizaines de femmes et d’adolescentes.

Toujours le même mode opératoire

Toutes les victimes ont décrit le même modus operandi. Le matin à l’aube, alors qu’elles se rendaient au collège, au lycée ou sur leurs lieux de travail, ces femmes ont été surprises par un homme sorti de nulle part, dissimulé sous un bonnet, ganté et surgissant par derrière. Il les a ensuite menacées avec un couteau ou verbalement avec des phrases comme « Tu ne gueules pas ou je te tue », les étranglant parfois avec une cordelette, ou les bâillonnant avec un foulard, avant de leur imposer une fellation, une pénétration vaginale ou une palpation forcée des seins et de prendre la fuite. 

Pour ne pas être reconnu, il leur a souvent demandé de garder les yeux fermés et de compter avant d’ouvrir les yeux et de reprendre leur route.

Le jour de son interpellation en 2018, les enquêteurs ont retrouvé dans ses poches un couteau de marque Opinel d’une taille de 17 cm déplié. Au cours des perquisitions à son domicile ont été découverts des bonnets, des gants mitaines, un autre couteau pliant. Dans son véhicule étaient dissimulés un couteau, un tournevis, deux paires de gants, un bonnet, une corde blanche, une cordelette en nylon, un foulard multicolore, un ruban noir et un préservatif. Tout le matériel qu’a utilisé au fil des ans ce prédateur de l’aube…

Un « instinct de chasseur »

Entendu par des psychiatres et des psychologues, Dino Scala, qui a deux frères et deux sœurs, n’a pas décrit de traumatisme dans son enfance. S’il a fait état de disputes récurrentes chez ses parents relatives à l’infidélité de son père et de violences conjugales commises par son père à l’encontre de sa mère, il assure qu’il n’a jamais subi lui-même de violences sexuelles. Il déclare aussi avoir souffert d’être traité, du fait de ses origines italiennes, de « spaghetti macaroni ». 

Enfant de chœur jusqu’à ses 14 ans, Dino Scala a mis un terme à sa scolarité à l’âge de 18 ans après l’obtention d’un Certificat d’aptitudes professionnelles en électromécanique. Il a ensuite persévéré dans cette voie et a été embauché dans différentes entreprises qui n’ont rien eu à redire de son travail. 

Côté sexualité, pas de travers particuliers, en apparence du moins, selon ses compagnes successives. La réalité est tout autre. Face aux experts, Dino Scala, qui ne souffre d’aucune pathologie mentale ou addictive, a reconnu « une certaine excitation lors de ses passages à l’acte ». Il a expliqué ainsi que « sa jouissance ne provenait pas vraiment de l’acte sexuel en tant que tel mais du fait de surprendre les victimes et de les maîtriser ».

 Il a décrit ce comportement comme une sorte « d’instinct de chasseur ». Il a convenu que ses actes n’étaient pas « normaux » et a ajouté avoir eu dans sa vie des « périodes d’accalmie ». À son procès en 2022, il n’a pas exprimé de regrets.