La compagnie aérienne Air Canada a annoncé, samedi 16 août, la suspension de tous ses vols, à la suite d’un mouvement de grève de ses hôtesses et stewards.
« Nous sommes maintenant officiellement en grève », a annoncé dans un communiqué le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les quelque 10 000 personnels navigants concernés.
Au-delà d’une augmentation de salaire, le personnel navigant de la compagnie aérienne canadienne réclame aussi d’être rémunéré pour les heures de travail au sol, y compris lors de l’embarquement, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent.
En réaction, Air Canada, qui dessert directement 180 villes dans le monde, a annoncé avoir « suspendu toutes ses opérations », soit 700 vols prévus ce samedi, au détriment d’environ 130 000 passagers. Le SCFP ayant déposé un préavis de grève de soixante-douze heures mercredi, la compagnie avait déjà annoncé l’annulation de près de 300 vols vendredi.
« Nous sommes profondément attristés pour nos passagers. Personne ne veut voir des Canadiens bloqués ou inquiets pour leurs projets de voyage, mais nous ne pouvons pas travailler gratuitement », a insisté Natasha Stea, une représentante des hôtesses de l’air.
« Entre vingt-quatre et quarante-huit heures »
La ministre de l’emploi, Patty Hajdu, a sommé les parties de « reprendre et poursuivre leurs activités et leurs fonctions ». La grève ne ferait qu’alourdir le « fardeau financier » des Canadiens, a-t-elle prévenu.
Le gouvernement fédéral a sollicité un arbitre indépendant, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), pour régler les différends entre la compagnie aérienne et le SCFP. Le CCRI a le pouvoir d’ordonner la reprise des activités, mais devra commencer par examiner les déclarations des parties et décider s’il souhaite intervenir, ce qui peut prendre « entre vingt-quatre et quarante-huit heures », selon la ministre.
En attendant, le mouvement se poursuit donc en pleine haute saison, et met sous pression Air Canada. L’entreprise avait détaillé, jeudi, une offre de compromis prévoyant de porter le salaire annuel moyen d’un agent de bord senior à 87 000 dollars canadiens (54 000 euros environ) d’ici 2027, mais le SCFP avait jugé les propositions insuffisantes au regard notamment de l’inflation. Le syndicat avait également rejeté les demandes de la compagnie et du gouvernement canadien de tenter de résoudre les contentieux en recourant à un arbitrage indépendant.
Contexte économique difficile
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien intervient dans un conflit social. En novembre 2024, il avait ainsi ordonné la reprise immédiate des opérations dans plusieurs ports canadiens, puis en août de la même année le retour au travail des cheminots. Dans le cas d’Air Canada, la compagnie aérienne estime qu’il faudra entre cinq et dix jours pour que ses activités reprennent leur rythme habituel.
L’économie canadienne, bien que montrant des signes de résilience, commence à éprouver les effets de la guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump, avec des droits de douane affectant des secteurs cruciaux pour le pays comme l’automobile, l’aluminium et l’acier.
Dans un communiqué publié avant le début de la grève, le Conseil des affaires canadien, qui regroupe des dirigeants de plus d’une centaine de grandes entreprises, avait mis en garde contre le risque de voir ces difficultés aggravées par une grève à Air Canada.
« À un moment où le Canada fait face à des pressions sans précédent sur nos chaînes d’approvisionnement économique critiques, la perturbation des services nationaux de transport de passagers et de fret aérien causerait un préjudice immédiat et considérable à tous les Canadiens », avait estimé l’organisation.