Recrutée en 2019 chez Airbus DS (« Defence and Space »), la branche de l’avionneur européen produisant des satellites, Hamida Saouiki a déjà connu deux plans sociaux. « Ça commence à faire et c’est fatigant. Car on ne sait pas où on va, on navigue à vue. On dirait que nous sommes des hamsters dans une roue », se désespère cette ingénieure qualité, avant de rejoindre ses collègues rassemblés devant l’entrée du site toulousain, un plateau recouvert de pâtisseries orientales à la main.
A l’appel de la CGT et de l’UNSA, une centaine de salariés s’est mobilisée à la pause déjeuner vendredi 6 décembre pour protester contre le plan de réorganisation de la division spatiale et défense d’Airbus. La veille, les détails du plan Proton – c’est son nom – ont été présentés au comité social économique (CSE) central et aux CSE d’établissement.
Cette restructuration, qui sera menée jusqu’à la mi-2026, prévoit la suppression de 2 043 postes sur les 37 000 que compte la branche dans le monde, surtout en Europe. L’Allemagne paye le plus lourd tribut avec 689 postes. La France est également concernée avec la perte de 540 postes sur un effectif de 7 500 personnes. A Toulouse, le site est amputé de 424 postes, celui d’Elancourt, dans les Yvelines, de 116 emplois.
Mais cette volonté de tailler dans les effectifs n’est pas une surprise pour les salariés. Puisque le 16 octobre, la direction de l’entreprise, plombée par des provisions d’un montant de près d’1,6 milliard d’euros en raison notamment des retards de développement et des surcoûts liés aux nouveaux satellites géostationnaires de télécommunications Onesat, avait affiché son intention de supprimer jusqu’à 2 500 postes.
« Cette annonce est une opération boursière »
Même si ce chiffre a été revu à la baisse, le nouveau décompte ne convient toujours pas à la CGT. « Cette annonce est une opération boursière. La direction cherche de la rentabilité à court terme », s’indigne Benoît Thiébault, secrétaire général de la troisième organisation syndicale de la division spatiale. L’ingénieur en propulsion de satellite, entré chez Airbus DS il y a huit ans, plaide pour le retrait pur et simple de ce plan injustifié, selon lui, en raison de la charge de travail qui pèse sur les employés.
« Il y a un creux dans l’activité fabrication en 2025, admet-il. Mais ce trou de six mois est temporaire. Et nous disposons d’un carnet de commandes rempli, avec trois à quatre ans de visibilité dans l’ingénierie », assure M. Thiébault. Pour argumenter, il évoque également le programme européen Iris2, acronyme d’Infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellites, pour lequel la fabrication de la constellation de 290 satellites, fournissant l’Internet à haut débit, a été attribuée à Airbus DS et à Thales Alenia Space.
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