- Condamné à cinq ans de prison en première instance, Boualem Sansal attend ce mardi 1ᵉʳ juillet le verdict de son procès en appel.
- L’écrivain franco-algérien est incarcéré depuis novembre dernier en Algérie, et poursuivi notamment pour « atteinte à l’unité nationale ».
- Son arrestation est intervenue au plus fort d’une crise diplomatique entre Paris et Alger.
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Après un réchauffement, le ton remonte d’un cran entre Paris et Alger
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, dont la détention en Algérie constitue un des éléments de la crise en cours entre Paris et Alger, attend ce mardi 1ᵉʳ juillet le jugement de son procès en appel. Mardi dernier, le parquet algérien a requis 10 ans de réclusion à son encontre, et une amende d’un million de dinars (environ 6.600 euros
) lors d’une audience devant la Cour d’appel d’Alger.
Double appel
Boualem Sansal a été condamné le 27 mars dernier à cinq ans de prison, en première instance, notamment pour des déclarations en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières, où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Aussi bien l’écrivain que le Parquet, qui avait déjà requis une peine de dix ans, avaient fait appel du verdict. À l’audience en appel, qui a duré environ 20 minutes, l’écrivain s’était présenté sans avocat. Il était apparu en bonne forme et avait répondu d’une voix ferme aux questions de la magistrate qui présidait la séance, avait estimé le journaliste de l’AFP présent.
« Atteinte à l’unité nationale »
Âgé de 80 ans, et atteint d’un cancer de la prostate, selon ses proches, Boualem Sansal fait l’objet d’une âpre lutte diplomatique entre l’Algérie et la France depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024, pour des soupçons « d’atteinte à l’intégrité du territoire », que constitueraient ses prises de position. En première instance, il avait été condamné pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays »
.
Une crise grave entre l’Algérie et la France
L’Algérie et la France traversent depuis l’été dernier une crise diplomatique considérée comme l’une des plus graves depuis la guerre d’Algérie (1954-1962), marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre et un gel de toutes les coopérations. La brouille a éclaté après la reconnaissance fin juillet par M. Macron d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine »
comme le seul viable à ses yeux pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis 50 ans le Maroc et les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
À la veille du verdict dans l’affaire Sansal, on a par ailleurs appris la condamnation d’un journaliste français à sept ans de prison, par le tribunal de Tizi Ouzou. Arrêté en mai 2024 alors qu’il préparait un reportage sur le club de football JSK (« Jeunesse Sportive de Kabylie »
), basé dans cette ville, Christophe Gleizes était poursuivi notamment pour « apologie du terrorisme ».
Jusqu’à présent, les multiples demandes de libération ou d’une grâce du président algérien, Abdelmajid Tebboune, en faveur de M. Sansal provenant de France, y compris du président Emmanuel Macron en personne, sont restées lettre morte. Les proches de l’auteur de 2084 : la Fin du monde
espèrent une grâce présidentielle à l’occasion de la fête de l’indépendance algérienne le 5 juillet.