Avec le changement climatique, la production d’huîtres en France devient de plus en plus difficile.
Face aux épidémies et à une baisse de la consommation, plusieurs producteurs cherchent à se diversifier pour survivre.
Le 20H de TF1 s’est rendu en Charente-Maritime à la rencontre d’ostréiculteurs.
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Le 20H
Sur le tapis roulant de cet ostréiculteur de l’île d’Oléron (Charente-Maritimes), des huîtres en quantité. Mais Cyril Pain le sait, toutes ne seront pas vendues. « Je fais de la vente directe, et au niveau de la chute de commerce, on est plutôt entre 15 et 20% », explique-t-il dans le reportage en tête de cet article. Car depuis quelques années, les huîtres ont perdu la confiance des consommateurs. La faute à plusieurs épisodes de contamination et à des campagnes de rappel pour des risques de norovirus.
Mais depuis peu, les professionnels du secteur sont confrontés à de nouvelles difficultés, apportées par le changement climatique qui fait évoluer sans cesse le milieu marin. Ces derniers temps, ils doivent faire face à la prolifération de parasites. « Ce sont des gangs de bigorneaux-perceurs, ils ont la faculté de percer la coquille et manger les huîtres. Il y en a beaucoup et là, il y a beaucoup de mortalité à l’intérieur des poches d’huîtres », explique Philippe Morandeau, président des conchyliculteurs de Charente-Maritime.
Prendre sa place sur le marché
Une nouvelle crise pour un secteur déjà en difficulté. « La profession a toujours connu des crises, comme dans n’importe quel métier, mais c’était sur une année donnée. Là, on est sur une situation où ça s’enchaîne depuis plusieurs années, donc forcément les trésoreries d’entreprises sont mises à mal », pointe Cyril Pain. L’an dernier en France, les ventes d’huîtres ont ainsi chuté de 20%.
Alors pour survivre, les professionnels de l’île d’Oléron ont décidé de se diversifier. Dans un bassin ostréicole, un chercheur teste l’élevage de concombres de mer au milieu des huîtres. « Là, ils sont tous petits pour l’instant, on les a reçus en septembre, et donc quatre ou cinq mois plus tard, ils sont déjà grandis, ils ont pris plus de 50% de leur masse », explique Pierrick Barbier, chercheur au Capena, le Centre pour l’Aquaculture, la Pêche et l’Environnement de Nouvelle-Aquitaine.
Des résultats prometteurs qui pourraient permettre aux ostréiculteurs d’exporter ces produits en Chine où le concombre de mer se vend au prix fort. « C’est une denrée qui est consommée dans des restaurants de luxe et on pourrait estimer au moins 30 euros le kilo », assure le chercheur.
Autre idée : mettre à profit la production d’algues qui poussent naturellement dans les parcs à huîtres. Elles pourraient être commercialisées séchées et broyées. « Ce sont des algues rouges, c’est-à-dire des algues qui servent notamment à faire les makis », pointe Pierrick Barbier. Une filière d’avenir, puisque la consommation d’algues mondiale est en constante augmentation. « L’idée, c’est vraiment de prendre une place sur le marché », assure encore le chercheur. Aujourd’hui, la France produit 300 tonnes d’algues par an. Le département de la Charente-Maritime a le potentiel d’en produire tout autant, sur son seul territoire.