- Disponibles depuis le 13 août sur Disney+, les deux premiers épisodes de « Alien : Earth » sont à la hauteur des attentes.
- Habile, son créateur Noah Hawley a puisé dans la mythologie des films pour écrire une série hyper actuelle.
- Avant la diffusion de l’épisode 3, on fait le point sur cette folle histoire de résurrection, aussi bien en coulisses qu’à l’écran.
Dans l’espace, on commençait à en avoir un peu ras-le-bol… et puis Alien : Earth
est arrivée. Attendue par les fans avec un mélange d’excitation et d’anxiété, la série inspirée des films que tout le monde connaît a débuté par deux épisodes plutôt réjouissants, disponibles depuis le 13 août dernier sur la plateforme Disney +. Avant la diffusion du troisième épisode – il y en aura huit au total, à raison d’un par semaine, voilà ce qu’on a pensé de cette création originale signée Noah Hawley, l’homme qui avait déjà transformé le Fargo
des frères Coen en l’une des anthologies criminelles les plus géniales de ces dernières années.
Bien plus qu’un trip nostalgique
Un an après Alien : Romulus
, un one-shot efficace qui revisitait le huis clos du classique de 1979 avec un casting de jeunes comédiens histoire de séduire la génération TikTok, Alien : Earth
est un projet à la croisée des chemins. L’intrigue se déroule en 2120, soit deux ans seulement avant le film mythique de Ridley Scott avec Sigourney Weaver. Au cours des premières minutes, le spectateur embarque à bord de l’USCSS Maginot, un navire spatial de la compagnie Weyland-Yutani, de retour vers la Terre après une expédition de recherche de 65 longues années.
Des combinaisons vintage aux décors en passant par les moustaches et les coupes afro de certains membres de l’équipage, réveillés par le cyborg de service, on a l’impression d’être de retour bord du Nostromo de Ripley & co. Dans leur bagage : plusieurs spécimens d’espèces d’extra-terrestres dont les fameux « face-huggers ». Après une rapide collation dans une ambiance tendue, tout ce petit monde retourne faire une petite sieste. Un montage elliptique nous prévient que le réveil sera mouvementé.
Cette intro en terrain connu permet au réalisateur et scénariste Noah Hawley de faire ses gammes, avant de déplacer son intrigue sur Terre. Et plus précisément sur Neverland, une île qui porte le même nom que le pays de Peter Pan et qui abrite le laboratoire de recherche de Prodigy, une firme rivale. À l’abri des regards, un PDG prodige baptisé Boy Kavalier (Samuel Blenkin) qui a mis au point une technologie hybride qui permet de transférer le cerveau d’enfants malades dans le corps de jeunes adultes synthétiques couvés par la nounou Dame Sylvia (Essie Davis) et l’inquiétant cyborg Kirsh (Timothy Olymphant).
La première d’entre eux sera Marcy (Florence Bensberg), une fillette de 11 ans atteinte d’un cancer en phase terminale qui devient la stupéfiante Wendy (Sydney Chandler), plus souple et rapide que Simone Biles, Usain Bolt et tous les X-Men réunis. Sa (re)naissance réussie, elle assiste à celle de ses petits frères et sœurs, les Lost Boys, au cours d’une séquence d’une élégance folle. Nous voilà conquis. Reste maintenant à connecter les deux intrigues. C’est chose faite lorsque le Maginot de Weyland-Yutani se crashe sur la ville de New Siam, dans une tour appartenant à Prodigy. Bonjour le conflit de territoire !
Une série qui ressemble (presque) au présent
Dans une atmosphère post-apocalyptique qui évoque le 11-septembre 2001, un bataillon de militaires est dépêché sur place pour constater les dégâts et extraire d’éventuels survivants avec en son sein Joe Hermit (Alex Lawther), un jeune médecin qui n’est autre que le grand frère de Marcy/Wendy, persuadé que sa petite sœur est morte en enterrée. Autant dire que les retrouvailles s’annoncent explosives… et sanglantes, puisqu’une sale bestiole aux dents longues a eu le temps de se reproduire avant l’impact, avec la complicité d’un traître. Pas besoin de vous faire un dessin.
Après visionnage des deux premiers épisodes, Alien : Earth
donne le sentiment que Noah Hawley pourrait réussir ce que Ridley Scott avait tenté maladroitement avec Prometheus
et Alien : Covenant.
À savoir
remonter aux sources de la saga pour intégrer sa créature dans une réflexion plus large sur notre rapport aux nouvelles technologies et aux défis philosophiques qu’elles proposent. Le format de la série au long cours, avec ses changements de rythme et ses cliffhangers, est idéal pour jouer sur les deux tableaux puisqu’il permet d’alterner des séquences de pur frisson avec des moments plus intimistes, tout en tenant le spectateur en haleine.
Le plus savoureux, c’est que Alien : Earth
semble avoir été conçue pour dresser un pont vers les films… mais aussi avec notre présent, ici et maintenant, avec des multinationales high tech qui prennent chaque jour davantage d’autonomie vis-à-vis des États, allergiques à toute forme de contrôle et de questionnement moral. À leur tête, des milliardaires mégalomanes qui seraient bien capables de mettre la survie de l’humanité en péril pour repousser leur plus grande peur : l’ennui.
>> Alien : Earth
de Noah Hawley. Avec Sydney Chandler, Alex Lawther, Timothy Olyphant. Chaque mercredi sur Disney+