- Le groupe BPCE a publié cette semaine le dernier baromètre sur les dépenses des Français.
- Basé sur près de 20 millions de cartes bleues, il donne des indications sur l’évolution de nos modes de consommation.
- « Les jeunes dessinent les tendances de demain », décrypte la directrice du baromètre, Myriam Dassa, interrogée par TF1info.
Achetons-nous différemment qu’il y a cinq ans ? Oui, et le changement est profond. C’est ce que révèle le nouveau baromètre « Digital & Payments » de l’Observatoire du groupe BPCE (nouvelle fenêtre), qui regroupe notamment la Caisse d’épargne ou la Banque Populaire. Au total, près de 20 millions de cartes bancaires et des milliards de transactions ont été décryptées de manière anonymisée. « Cela représente un Français sur cinq. C’est donc hyper représentatif
, explique Myriam Dassa, qui a dirigé la vaste étude. Contrairement à du déclaratif, les données de dépenses que nous avons, c’est du réel »
.
Les espèces en voie de disparition
Le premier constat du baromètre est sans appel : les billets et pièces de monnaie disparaissent peu à peu de notre quotidien. Chez les moins de 25 ans, les retraits ont presque été divisés par deux en cinq ans. Et ce sont les smartphones qui prennent la relève. « C’est en partie dû à l’explosion de l’e-commerce, où le paiement en espèces est impossible. Même dynamique avec le sans contact : le téléphone mobile est devenu l’extension de votre main, et ce, en particulier depuis le Covid »
, explique Myriam Dassa.
D’autant que ce n’est pas qu’une question de génération, la hausse de l’usage de la carte (nouvelle fenêtre) concerne même les plus âgés. « C’est une attente du consommateur, mais aussi du commerçant, qui peut se concentrer sur son métier sans la lourdeur de la gestion de la caisse »
, poursuit-elle.
Des arbitrages générationnels différents
Comment nos courses racontent-elles nos priorités ? Selon l’observatoire, le panier moyen des moins de 35 ans a reculé depuis 2021, passant de 28 euros en moyenne à 22 euros. Mais la fréquence de leur passage au supermarché, elle, augmente. Une dynamique inverse chez les plus âgés, avec moins de passages à la caisse, mais des paniers plus élevés (38 euros en 2025).
Une question de pouvoir d’achat ? Pas uniquement. « C’est surtout notre rapport au temps qui change : les jeunes anticipent moins, se disent qu’ils peuvent sortir au resto au dernier moment, alors que les plus âgés continuent à remplir des gros caddies »
, décrypte la directrice de l’Observatoire.
Les jeunes sont des découvreurs, puis ils diffusent leur comportement dans toute la société
Les jeunes sont des découvreurs, puis ils diffusent leur comportement dans toute la société
Myriam Dassa, directrice du Baromètre « Digital & Payments » de la BPCE
Si la génération détermine notre panier de course, la barrière est plus fine en revanche en ce qui concerne l’habillement. Une dynamique s’impose chez quasiment tous les Français : moins d’achats (-14% chez les plus jeunes), mais plus ciblés, avec une explosion du recours à la seconde main ou à la « fast fashion » (mouvance de marques favorisant le renouvellement très rapide de leurs collections, et à petit prix, NDLR).
« Les jeunes sont des découvreurs. Ils testent la mode futée et se laissent guider par la bonne affaire. Et à terme, ils diffusent ces comportements dans toute la société »
, observe Myriam Dassa. Résultat : alors que les moins de 35 ans représentaient plus de la moitié de la part de ventes de la fast fashion en 2021, ils ne pèsent aujourd’hui plus que 42 %.
Et pour les vacances ?
Là encore, ce sont les plus jeunes qui tracent la voie. Brésil, Thaïlande, Albanie : leurs destinations préférées explosent dans les statistiques, portées par les réseaux sociaux. Ainsi, les jeunes adultes choisissent plutôt des destinations qui allient dépaysement et coût de la vie avantageux, comme le Brésil (+29% par rapport à 2024) ou la Thaïlande (+23%). « Les familles et les actifs, en revanche, optent davantage pour les destinations plus abordables, comme l’Égypte (+42%) et la République tchèque (+36%) »
, détaille le baromètre. « Les jeunes sont à la fois des précurseurs et des influenceurs, car ils modifient la consommation de leurs aînés
, conclut Myriam Dassa. Ils dessinent ce que va être demain, la consommation des Français »
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