Le 2 mai, le président de la République a annoncé l’organisation d’une convention citoyenne sur « les temps de l’enfant », dont les 130 membres tirés au sort travailleront ensemble, de juin à novembre, sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental. Dans sa note de saisine, le premier ministre a précisé que la convention ne se limitera pas aux rythmes scolaires, mais englobera également les temps périscolaires et extrascolaires, ainsi que l’impact croissant des outils numériques et technologiques sur la vie quotidienne des jeunes. Le périmètre est donc relativement large. Toutefois, il manque sa cible en se focalisant exclusivement sur le mal-être lié à la surcharge des journées scolaires.
Bien entendu, l’organisation des temps de l’enfant a des conséquences sur la qualité de vie et les apprentissages. Sur ce point, les données sont connues : les élèves français subissent une charge quotidienne plus lourde que leurs voisins, non seulement en raison de vacances scolaires plus longues (16 semaines contre 13 en moyenne dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement éconoqies, OCDE), mais aussi d’un nombre total d’heures de classe sur l’année plus élevé que la moyenne. Ainsi, à l’école primaire, les enfants français ont un volume de 860 heures d’instruction par an, alors que la moyenne européenne s’élève à 760 heures. Dans l’ensemble de l’OCDE, le temps d’instruction cumulé pour l’école primaire et le collège s’élève à 7 634 heures, contre 8 192 en France.
L’expérience des enfants
Les élèves français ne travaillent donc pas moins que leurs homologues étrangers, bien au contraire. Et la diminution de la durée des vacances estivales, comme telle semble être l’intention du président de la République, n’est pas une option réaliste sans une contrepartie indispensable : la réduction du volume horaire quotidien de classe des élèves.
Depuis longtemps, les rapports officiels sont formels : pour bien faire, il faudrait raccourcir les journées d’école. En 1947, déjà, le plan Langevin-Wallon recommandait le respect des rythmes biologiques des enfants avec des horaires suggérés de deux heures par jour pour les enfants de 7 à 9 ans, trois heures de 9 à 11 ans, quatre heures de 11 à 13 ans et cinq heures par jour pour les élèves de 13 à 15 ans. Dans son rapport sur les lycéens remis en 1983, l’historien Antoine Prost affirmait que dépasser quatre heures de cours par jour est « une escroquerie pratiquée par les adultes aux dépens de la majorité des élèves ».
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