A deux semaines des élections européennes, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) continue sa campagne mais sans ses deux principaux candidats. Devenus trop sulfureux pour la direction du parti, qui a estimé qu’ils avaient franchi les lignes rouges, Maximilian Krah et Petr Bystron ont été contraints d’annoncer, mercredi 22 mai, qu’ils renonçaient à participer à tout événement d’ici au scrutin du 9 juin.
Le 27 avril, déjà, le meeting de lancement de la campagne de l’AfD s’était fait sans eux. Les jours précédents, on avait appris qu’un collaborateur de M. Krah au Parlement européen avait été arrêté pour espionnage présumé au profit de la Chine et que lui-même était visé par deux enquêtes pour soupçons de financements illégaux venant de Russie et de Chine. Quant à M. Bystron, lui aussi avait été prié de ne pas venir gâcher la fête, étant également suspecté d’avoir touché de l’argent de sources prorusses, en l’occurrence du site d’information Voice of Europe, fermé fin mars après que les services secrets tchèques l’eurent identifié comme un vecteur de corruption destiné à payer des élus européens relayant la propagande du Kremlin.
Depuis, les deux hommes étaient partis en campagne, jusqu’à ce qu’ils redeviennent encombrants. Dans le cas de M. Krah, c’est un entretien publié dimanche 19 mais par les quotidiens italien La Repubblica et britannique Financial Times qui a posé problème. La tête de liste de l’AfD pour les européennes y soutient que tout membre des SS, les troupes d’élite du Troisième Reich, ne devrait pas être considéré « automatiquement comme un criminel ». En prenant connaissance de ces propos, mardi, le Rassemblement national a annoncé qu’il ne siégerait plus dans le même groupe que l’AfD au Parlement européen. Le divorce est également prononcé avec la Ligue italienne, autre alliée de l’AfD au sein du groupe Identité et démocratie à Strasbourg. « Marine Le Pen et moi sommes sur la même ligne », a assuré mercredi son président, Matteo Salvini.
« Préjudice massif »
En raison du « préjudice massif qu’il cause à la campagne », M. Krah quitte « avec effet immédiat » les instances dirigeantes de l’AfD, ont déclaré les deux coprésidents du parti, Alice Weidel et Tino Chrupalla, mercredi, après une réunion avec l’ensemble du bureau fédéral. Sur le réseau social X, l’eurodéputé a confirmé sa mise à l’écart, tout en déplorant que des « affirmations objectives et nuancées de [sa] part » aient été utilisées « comme prétexte pour nuire à notre parti ».
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