LETTRE DE ROME
Quand le téléphone a sonné ce jour-là, l’entrepreneur a reconnu la voix familière de Guido Crosetto, ministre de la défense, ancien lobbyiste de l’industrie de l’armement et adhérent de la première heure de Fratelli d’Italia, le parti issu de la matrice postfasciste fondée par la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Il a compris que l’heure était grave. Des journalistes italiens étaient retenus en otage au Moyen-Orient et la République avait besoin de lui…
Il fallait débloquer des fonds afin de payer la rançon qui permettrait de les libérer avant d’être remboursé par la Banque d’Italie. Le scénario paraissait vaguement crédible. Après tout, Mme Meloni n’avait-elle pas obtenu, début 2025, le rapatriement de la journaliste Cecilia Sala, brièvement arrêtée en Iran, en échange de la libération d’un ingénieur de la République islamique détenu en Italie ?
Pourtant, tout était faux. La voix du ministre avait été modélisée grâce à un outil d’intelligence artificielle par des escrocs ayant pris pour cible au moins neuf des plus grosses fortunes d’Italie. Parmi elles figurent le couturier Giorgio Armani, mais aussi la famille Beretta, à la tête du groupe d’armement du même nom, ou encore Diego Della Valle, président du fabricant de chaussures de luxe Tod’s.
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