- L’ancien ministre du Budget puis du Travail sous Nicolas Sarkozy a été nommé ce dimanche au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu.
- Ce parlementaire aguerri, partisan de la décentralisation, est nommé ministre à l’Aménagement du territoire et de la décentralisation.
- Ancien ténor de LR, il a rejoint les rangs macronistes ces dernières années.
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Sébastien Lecornu a enfin un gouvernement, après 26 jours de consultations
Il signe un retour surprise au gouvernement, 15 ans après avoir été le ministre du Travail sous Nicolas Sarkozy. Le député macroniste de l’Oise Eric Woerth a été nommé ce dimanche 5 octobre au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu (nouvelle fenêtre), devenant ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation.
L’élu de 69 ans, qui a rejoint le camp présidentiel ces dernières années et vient tout juste d’être relaxé dans l’affaire financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy (nouvelle fenêtre), prend ainsi la suite de François Rebsamen. L’ex-socialiste avait annoncé qu’il ne resterait pas dans le nouveau gouvernement, en raison de ses « convictions d’homme de gauche »
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Un sarkozyste convaincu, soutien d’Emmanuel Macron
Né dans l’Oise, expert en finances, diplômé de HEC et de Sciences-Po, cet ancien consultant avait rejoint les rangs du RPR dans les années 1990, puis de l’UMP, le nouveau visage du parti de droite. En 1995, il passe en charge des finances de la campagne présidentielle de Jacques Chirac, avant d’être conseiller du Premier ministre d’alors, Alain Juppé. Puis il devient ensuite mandataire financier de son parti au début des années 2000.
Il est ensuite nommé secrétaire d’État à la Réforme de l’État dans le gouvernement Raffarin de 2004 à 2005, mais son ascension politique s’accélère encore lorsqu’il devient trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 (nouvelle fenêtre). L’ex-président accède au pouvoir et le Premier ministre de l’époque, François Fillon, nomme alors Eric Woerth ministre du Budget et des Comptes publics. Il le reste jusqu’en 2010, année au cours de laquelle le portefeuille du Travail, de la Solidarité et de la Fonction publique lui revient. Mais il n’y reste que quelques mois, obligé de quitter ses fonctions en raison de démêlés judiciaires, mis en cause dans l’affaire Bettencourt (nouvelle fenêtre).
Durant cette période, Eric Woerth est également maire de Chantilly, dans l’Oise. Élu en 1995, il y reste en poste plus de 20 ans, jusqu’en 2017. Il est aussi élu député de l’Oise à plusieurs reprises, un siège qu’il n’a pas perdu depuis 2010. Mais sa couleur politique, elle, a changé : lors de la présidentielle 2022, il annonce apporter son soutien à Emmanuel Macron (nouvelle fenêtre) plutôt qu’à Valérie Pécresse, la candidate de son parti Les Républicains, nouveau nom de l’UMP.
Bientôt rejugé en appel dans l’affaire libyenne
Sa décision déclenche la colère au sein de sa famille politique (nouvelle fenêtre), à l’exception de Nicolas Sarkozy, qui lui apporte son soutien (nouvelle fenêtre). Il est resté à la tête de la prestigieuse Commission des finances, à laquelle il avait été élu en 2017, un poste pourtant dévolu à un responsable de l’opposition, et avait appelé ses anciens partenaires à faire vivre ses idées
« dans la majorité présidentielle »
(nouvelle fenêtre).
Depuis, le transfuge de LR a été réélu sous l’étiquette Renaissance dans la 4e circonscription de son département en 2022, avec près de 55% des voix face à une candidate RN. Lors des âpres discussions sur la réforme des retraites, il avait défendu le projet phare du président (nouvelle fenêtre). L’an passé, ce parlementaire respecté et partisan de la décentralisation, avait par ailleurs présenté un rapport avec 51 propositions pour « rétablir la confiance »
entre État et collectivités.
L’élu est également devenu au fil des années l’archétype du dirigeant inquiété par la justice et finalement mis hors de cause au terme d’un long calvaire médiatique. Il avait notamment été inquiété dans l’affaire de la vente contestée de l’hippodrome de Compiègne (nouvelle fenêtre) révélée par le Canard enchaîné en 2010 et soldée par un non-lieu de la Commission d’instruction de la Cour de justice de la République. Dans l’affaire Bettencourt, il avait été relaxé de plusieurs accusations en 2015.
Récemment, il a aussi été relaxé dans l’affaire des financements libyens, contrairement à Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans d’emprisonnement avec incarcération prochaine pour avoir « laissé ses plus proches »
démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne de 2007. Le parquet national financier a toutefois interjeté appel pour tous les prévenus condamnés, mais aussi d’autres prévenus, dont des relaxés, comme Eric Woerth, qui sera donc jugé à nouveau dans cette affaire.