A l’heure des grands rendez-vous du football, la Suisse n’a plus rien d’un pays neutre. Il n’y a pas si longtemps, son équipe nationale était connue pour ne jamais gagner de match à élimination directe en Coupe du monde ou lors d’un Championnat d’Europe. Mais le plafond de verre a été brisé en 2021, quand la Nati a éliminé la France, championne du monde en titre, au bout d’une soirée épique, en huitièmes de finale de l’Euro.
Trois ans plus tard, même compétition, même échelon. Et voilà que la Suisse s’offre le scalp de l’Italie (2-0), championne d’Europe, samedi 29 juin. Cette fois-ci, la qualification n’a rien d’un petit miracle (en 2021, la formation helvétique était menée 3-1 par les Bleus à la 80e minute).
« Nous avons gagné, oui, mais avec la manière, nous avons dominé tous les secteurs du jeu, nous avons marqué au bon moment et ça nous a permis de contrôler le match », a souligné le sélectionneur suisse, Murat Yakin. Le ballet de trente et une passes qui aboutit au but du milieu de terrain Remo Freuler en est la plus belle illustration.
Place forte
Une semaine plus tard, la Suisse défie l’Angleterre, samedi 6 juillet, à Düsseldorf (Allemagne), en quarts de finale de l’Euro 2024. « J’espère que ce n’est pas fini, que nous allons continuer à écrire l’histoire », poursuit le technicien, qui a succédé à Vladimir Petkovic après l’Euro 2021.
Si la Nati avait reçu une gifle du Portugal (6-1) lors de la coupe du monde au Qatar, en 2022, elle est aujourd’hui, avec la France, l’une des deux seules équipes européennes à avoir atteint la phase à élimination directe de chacune des six dernières compétitions internationales. En outre, ses meilleurs joueurs, Granit Xhaka (Bayer Leverkusen) et Manuel Akanji (Manchester City), ont récemment remporté des titres majeurs avec leur club respectif.
Mais, alors, comment un pays qui compte aujourd’hui à peine neuf millions d’habitants a-t-il pu devenir une place aussi forte sur la carte du football – et pas seulement parce qu’elle abrite le siège d’instances internationales telles que la Fédération internationale de football association et l’Union des associations européennes de football ?
Retour au milieu des années 1990. La Suisse vient de vivre une longue traversée du désert : plus de trois décennies où il aura fallu passer l’été des années paires devant la télévision ou à écouter la radio. Grâce à une génération exceptionnelle et un sélectionneur anglais, Roy Hodgson (1992-1995), qui a su fédérer les talents romands et alémaniques, elle décroche enfin une qualification pour la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis.
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