Le gouvernement a reçu lundi un rapport comportant des mesures contre l’antisémitisme.
Il préconise notamment de mettre en place dans les écoles, collèges et lycées « un réseau de référents-établissement ».
La ministre Aurore Bergé a insisté sur l’esprit universaliste et « déclinable » du rapport face aux autres formes de racisme.
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Meurtre dans une mosquée du Gard
Empêcher un « réenracinement dans la société » de l’antisémitisme. C’est, selon Aurore Bergé, l’un des objectifs d’un rapport comportant des mesures contre l’antisémitisme. La ministre chargée de la lutte contre les discriminations en a dévoilé les grandes lignes ce lundi, au cours d’une conférence de presse.
Ce rapport, demandé lors des assises de l’antisémitisme en février, a été rédigé par Marie-Anne Matard-Bonucci, de l’université Paris-8, et le conseiller d’État Richard Senghor. Il avance plusieurs pistes : créer un Institut de formation et de recherche sur le racisme et l’antisémitisme, mettre en place dans les écoles, collèges et lycées « un réseau de référents-établissement« , ou encore d’inclure dans les concours des enseignants des sujets sur ces thématiques.
« Adapter la réponse pénale aux manifestations contemporaines » de la haine antisémite
Le texte demande aussi de « recontextualiser l’histoire des antisémitismes et des racismes dans les programmes scolaires » en enseignant plus l’histoire du Moyen-Orient, et de former davantage les agents publics. Côté répression, ce texte appelle à « adapter la réponse pénale aux manifestations contemporaines » de la haine antisémite « pour sanctionner en particulier le détournement de la critique du sionisme à des fins antisémites« . Durant sa conférence de presse, Aurore Bergé a jugé « très important » de le faire dans un « contexte universaliste », rendant hommage notamment au jeune Malien assassiné vendredi dans une mosquée du Gard et jugeant « insupportable, intolérable dans la République » toute forme de haine anti-religieuse.
En 2024, un total de 1.570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l’Intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait déploré en janvier le niveau « historique » de ces attaques, et une « explosion » après celle sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, suivie d’une riposte meurtrière d’Israël à Gaza. De tels propos ne peuvent plus être considérés comme « une forme d’opinion, mais bien comme des délits« , argumente Aurore Bergé, le rapport proposant de « sortir les 5 infractions à caractère raciste et antisémite du droit de la presse pour les intégrer dans le droit pénal général« .
Richard Senghor a toutefois fait valoir que les législateurs et le gouvernement allaient devoir trouver la « ligne de crête » entre « répression de cette nouvelle forme d’antisémitisme et la protection de la liberté constitutionnelle d’expression« . Notamment dans le domaine académique.
Un projet de loi sur la lutte contre l’antisémitisme dans l’Enseignement supérieur doit être présenté à l’Assemblée nationale dans les prochains jours après avoir été voté par le Sénat. La ministre a aussi évoqué une proposition de loi de la députée Caroline Yadan déposée fin 2024, qui n’est toutefois pas encore inscrite au calendrier parlementaire.