L’Apocalypse est un excellent sujet pour les artistes. Le texte de Jean de Patmos (écrit vers 95) leur offre abondance de motifs attirants et effrayants : les Quatre Cavaliers, les Anges dont les trompettes annoncent les désastres et, mieux encore, ceux-ci : pluie de grêle et de sang, embrasement du soleil, invasion des ténèbres, sauterelles à queue de scorpion, et le dragon, évidemment. Il doit être rouge, à sept têtes et dix cornes et dirige des armées de diables. Il y a aussi la bête marine qui doit tenir de la panthère, de l’ours ou du lion et une autre, sortie de terre, non moins monstrueuse, qui marque les hommes du chiffre de l’Apocalypse, 666. Et la grande prostituée : « La femme, vêtue de pourpre et d’écarlate, étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or pleine d’abominations : les souillures de sa prostitution. Sur son front un nom était écrit, mystérieux : “Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre.” » Elle finit brûlée et dévorée.
Le succès artistique de L’Apocalypse n’a donc jamais faibli. L’exposition « Apocalypse. Hier et demain », qui se tient à la Bibliothèque nationale de France (BNF), à Paris, en apporte des preuves surabondantes, du Beatus de Saint-Sever, dont les peintures dominées par l’écarlate datent du troisième quart du XIe siècle, au film de Lars von Trier Melancholia, de 2011. L’actualité catastrophique de la planète donne à penser que l’histoire devrait continuer, ce que confirment de nombreuses créations contemporaines, placées en regard de celles du Moyen Age ou du XIXe siècle.
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