Des peluches aux dents pointues, popularisées sur TikTok, se sont arrachées dans les magasins ces dernières semaines au Royaume-Uni.
Au point de déclencher des scènes de bagarres entre clients, tandis que des vendeurs ont été intimidés.
En réaction, son fabricant a décidé de retirer ces petits monstres poilus de ses boutiques dans le pays, disant travailler à un système d’achat plus sécurisé et plus équitable.
Victimes de leur propre succès, en quelques semaines à peine. Les peluches Labubu, devenues virales au Royaume-Uni ces dernières semaines, ont été retirées des magasins par leur fabricant, après des scènes de frénésie. Certains clients sont allés jusqu’à se battre entre eux ou avec les employés des boutiques pour réussir à faire leur achat.
Ces petites peluches colorées au sourire espiègle, laissant voir une large rangée de dents pointues, s’arrachent depuis plusieurs semaines outre-Atlantique. Des ventes portées par une tendance qui a émergé sur le réseau TikTok (nouvelle fenêtre), après que des stars les ont arborées, comme les chanteuses Rihanna et Dua Lipa, ou encore Lisa du groupe Blackpink (nouvelle fenêtre). Des anonymes, jeunes et moins jeunes, se filment aussi en train de déballer leur Labubu, des clips d’« unboxing » qui font fureur. Plus d’un million de vidéos ont été diffusées sur le sujet sur le réseau social.
Souvent portés en breloques suspendus aux sacs à main, ces petits personnages de monstre ont été créés par l’artiste hong-kongais Kasing Lung, créateur de la série « The Monsters », et commercialisés par le fabricant de jouets chinois Pop Mart. Peu à peu, l’engouement autour des poupées a été tel qu’il a déclenché des scènes de violences dans certains points de vente.
Des craintes pour la sécurité après des scènes de chaos
« C’était tout simplement ridicule de se retrouver dans une telle situation, avec des gens qui se battaient, qui criaient et qui avaient peur », a raconté à la BBC (nouvelle fenêtre) Victoria Calvert, une cliente qui s’est retrouvée au cœur d’une vraie scène de chaos dans le magasin de Stratford, à Londres. « J’ai même été témoin d’une bagarre entre un ouvrier et un client », a-t-elle déclaré, disant avoir vécu une expérience « vraiment effrayante ». « Les choses ont dégénéré et j’ai dû partir car je ne me sentais pas en sécurité. (…) Ce qui est censé être amusant et excitant a fini par donner l’impression que quelqu’un allait se faire poignarder », s’est aussi plaint sur Instagram un internaute, qui a expliqué s’être rendu dans le même magasin.
Engie, une employée d’une autre boutique Pop Mart de la capitale anglais, à Soho, a raconté à l’AFP que certains clients se sont montrés « menaçants », verbalement et physiquement (nouvelle fenêtre). Le magasin avait mis en place un système de tickets avec des numéros permettant d’accéder à la boutique, « mais certains ont essayé de les acheter pour doubler les autres », a-t-elle expliqué.
Conséquence : les Labubu seront retirées temporairement des 16 magasins britanniques de la marque, et ce jusqu’en juin, pour « éviter tout problème de sécurité potentiel », a indiqué Pop Mart à la BBC. Sur son compte Instagram pour le Royaume-Uni, le responsable Europe de la société a salué « un enthousiasme débordant de la part des fans, avec de longues files d’attente devant les magasins – dans certains cas, même la veille au soir ». Mais souligné qu’il était « important pour nous de garantir une expérience d’achat sûre, équitable et confortable pour tout le monde », pour les clients comme les vendeurs.
« Nous travaillons actuellement sur une nouvelle approche de la distribution qui permettra à chacun d’avoir une chance d’acheter (la figurine) de façon plus équitable », a-t-il poursuivi. La vente en ligne, elle, semble se poursuivre, mais sur la page du site de l’entreprise dédiée au Royaume-Uni, la quasi-totalité des peluches étaient affichées en rupture de stock ce vendredi.
Si certains fans ont salué la décision, d’autres ont estimé qu’elle arrivait trop tard. « Cela a beaucoup de sens pour vos magasins au Royaume-Uni MAIS je pense que cela aurait dû être fait beaucoup plus tôt », s’est plaint une internaute sous la publication. D’autres, plus amers, ont fait part de leur frustration. « C’est triste parce que tout ce que je veux, c’est une seule (peluche)… J’ai essayé à chaque sortie d’acheter un seul Labubu et je n’ai jamais eu de chance », a regretté une autre. Plusieurs personnes ont aussi reproché à la chaîne de magasins d’écouler ses « stocks au compte-goutte », tandis que certains se sont aussi plaints de bugs informatiques sur le site. Certains ont même demandé à la marque « d’organiser un tirage au sort » pour obtenir le sésame.
Des reventes à plusieurs centaines de livres en ligne
Par ailleurs, l’entreprise a indiqué travailler à un meilleur système pour le retour des produits en magasin, tandis que le prix des peluches s’envolent sur les sites de revente en ligne (nouvelle fenêtre). Au Royaume-Uni, elles sont vendues en temps normal entre 13,50 et 50 livres, soit entre une quinzaine et une soixantaine d’euros, mais sur eBay ou Vinted, les éditions rares de la figurine s’arrachent parfois à plusieurs centaines de livres, selon la BBC.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux fans ont laissé éclater leur colère à ce sujet. « Ces maudits adultes et leur mentalité de revendeurs gâchent tout », s’est ainsi irritée une internaute sous la publication Instagram de Pop Mart. De nombreuses autres personnes ont aussi suggéré aux magasins de ne vendre qu’une peluche par personne, pour éviter que certains stocks soient dévalisés par des clients qui en tireraient des reventes juteuses ensuite.
La frénésie a gagné plusieurs autres pays, y compris la France, selon Le Parisien (nouvelle fenêtre). À Paris, les figurines s’arrachent aussi dans les boutiques de la marque, où les files de clients s’allongent aussi. « À 8h30, il y avait déjà plus de 120 personnes qui faisaient la queue, des gens qui ont même campé devant le magasin depuis des heures », a raconté au journal une mère, venue avec sa fille.