Avec la brusque interruption des aides américaines, l’Europe se trouve, de fait, propulsée au premier rang mondial des financeurs de l’aide humanitaire internationale. Comment l’Union européenne (UE) va-t-elle se saisir de cette position de leadership qu’elle n’a pas choisie ? Faire preuve d’indifférence ? Renforcer son influence ? Ou au contraire opérer, elle aussi, un repli financier déjà amorcé par certains pays membres avant l’arrêt de l’aide américaine ? Ces questions surgissent logiquement à quelques semaines du prochain Forum humanitaire européen, qui doit se tenir à Bruxelles au mois de mai.
Les ONG sont dans l’incapacité financière, technique et diplomatique de changer seules l’équation humanitaire mondiale. David ne doit pas se prendre pour Goliath. Mais David peut utilement contribuer à la réflexion d’ensemble qui s’impose désormais. Ces derniers temps, l’aide humanitaire d’urgence a représenté une enveloppe mondiale annuelle de près de 40 milliards de dollars [35 milliards d’euros]. Les ONG contribuent, grâce aux dons du public, à hauteur de 20 % à cette enveloppe. Elles reçoivent également des fonds des agences de l’ONU. Au total, leurs équipes déploient ainsi près de 40 % des budgets opérationnels engagés chaque année.
Certaines ONG risquent aujourd’hui de disparaître, surtout si leur structure financière repose sur des frais de fonctionnement massivement dépendants des overheads, le pourcentage des fonds publics qu’elles ont la liberté d’affecter à d’indispensables tâches réalisées par des collaborateurs du siège. Parmi ces tâches figure celle de solliciter la générosité du grand public par d’actives campagnes de communication, qu’elles engagent sur leurs budgets propres.
Le système onusien est, lui aussi, sonné. Asphyxié par les coupes budgétaires, vilipendé dans les discours des dirigeants des Etats-Unis, il est fragilisé par son incapacité à imposer une stricte application du droit international humanitaire à Gaza, où les civils vivent toujours un enfer.
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