Le premier ministre, François Bayrou, a affirmé, jeudi 6 mars, que la « priorité » budgétaire serait donnée à la défense nationale, comme l’a demandé, la veille, le président Emmanuel Macron lors d’une allocution sur la situation de l’Ukraine, mais « sans rien abandonner du modèle social qui fait partie de l’identité française ».
« Il s’agit non seulement de donner priorité à l’accomplissement de la loi de programmation militaire, mais d’aller au-delà pour une loi de réarmement, ou en tout cas pour une loi de sécurité », a assuré le chef du gouvernement, en marge de l’installation de son successeur, l’ex ministre macroniste Clément Beaune, au Haut-Commissariat au plan.
« Il faut renouveler complètement la vision des projets pour l’avenir. On va le faire sans rien abandonner. Le modèle social fait partie de l’identité française », a-t-il ajouté. « La défense est désormais une priorité évidente pour tous. Mais ça n’efface pas d’autres priorités, par exemple le souci des finances publiques, par exemple le souci du pacte social », a développé le premier ministre. « Nous ne laisserons aucun des problèmes du pays de côté et j’aurai l’occasion de m’exprimer dans les jours qui viennent sur les choix que le gouvernement a l’intention de porter », a-t-il encore dit sans plus de détails.
La gauche a, elle, réclamé jeudi que la hausse des dépenses militaires annoncée par Emmanuel Macron soit financée par l’imposition des plus riches, avec toutefois une divergence entre ceux favorables à cette augmentation et La France insoumise (LFI) dénonçant « une course à l’armement ».
Sur RTL, François Ruffin s’est dit « d’accord avec le président de la République quand il dit qu’il faut relever [le] budget de défense ». Mais « la guerre ne peut pas être le prolongement de la casse sociale par d’autres moyens », ce que « propose Emmanuel Macron », a averti le député ex-LFI, qui siège aujourd’hui chez les Ecologistes.
Dans son allocution mercredi soir, le chef de l’Etat a affirmé que renforcer les armées signifierait faire des « investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables », mais « sans que les impôts soient augmentés ».
« Les guerres réclament l’unité de la Nation qui se fait par la justice », a répondu François Ruffin. « Il va falloir que les amis de Monsieur Martin [Patrick Martin, président du Medef] payent le prix de l’impôt », a-t-il affirmé. « La première guerre mondiale, ç’a été la naissance en France de l’impôt sur le revenu. La deuxième guerre mondiale aux Etats-Unis, avec Roosevelt, ç’a été une multiplication par vingt de l’impôt sur leur revenu », a-t-il rappelé.
Financer une économie de guerre
« Sans hausse d’impôt, les superriches ne paieront pas l’effort de dépense », a renchéri sur Sud Radio sa collègue Clémentine Autain, s’inquiétant d’« une cure d’austérité demandée aux Français ».
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Même discours dès mercredi soir d’Olivier Faure. Le premier secrétaire du Parti socialiste a appelé sur X « au patriotisme fiscal et faire contribuer les ultra-riches ». « C’est ce que Roosevelt eu le courage de faire pour financer une économie de guerre », a-t-il rappelé. « L’Europe n’est pas endettée, elle peut emprunter. Les avoirs russes doivent être saisis », a-t-il souligné.
En revanche, la présidente des députés LFI, Mathilde Panot, s’est dite « pas d’accord avec l’économie de guerre ». « Nous voulons une économie de la paix qui est orientée vers les besoins que nous avons et sur les questions écologiques », a-t-elle souligné sur France 2. Elle a dénoncé « une course à l’armement qui va encore une fois profiter à Trump puisque 50 % des dépenses militaires de l’Union européenne sont tournées vers du matériel américain ».
Autre divergence avec socialistes et écologistes, Mme Panot a réaffirmé l’opposition de LFI à la saisie des 200 milliards d’euros d’avoirs russes gelés par l’Europe au nom du « droit international ». De son côté, le Parti communiste a fait part, mercredi dans un communiqué, de son opposition à « un fédéralisme européen botté et nucléarisé comme le propose Emmanuel Macron ».