L’affaire n’a pas traîné. Après la publication, vendredi 1er août, de chiffres montrant une nette dégradation du marché du travail ces derniers mois, Donald Trump a annoncé, samedi, le limogeage d’Erika McEntarfer, la responsable des statistiques du département du travail (BLS). Dimanche, les conseillers économiques de la Maison Blanche ont défendu ce limogeage.
Dans un message sur son réseau, Truth Social, lundi 4 août, le président des Etats-Unis a écrit : « Je choisirai un remplaçant exceptionnel », après avoir répété que les données avaient été, selon lui, « BIDONNÉES » à des fins politiques pour « minimiser la réussite » de son début de mandat. Donald Trump doit proposer le nom d’un remplaçant, dont la nomination devra encore être confirmée par le Sénat à majorité républicaine.
« Nous allons annoncer un nouveau [chef] statisticien dans environ trois, quatre jours », avait déclaré le chef de l’Etat, dimanche, lors d’un échange avec des journalistes retransmis à la télévision américaine. « Nous n’avions pas confiance (…). Les chiffres qu’elle a annoncés étaient ridicules », avait-il poursuivi.
Le président a accusé Erika McEntarfer de truquer les chiffres sur l’emploi, sans fournir de preuves d’une éventuelle manipulation des données. Elle dirigeait depuis le début de 2024 le service statistiques du ministère du travail, qui publie les chiffres de référence sur l’emploi, la productivité et les prix (indice CPI) aux Etats-Unis.
Créations d’emplois en deçà des prévisions
Le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis avait surpris vendredi en peignant un tableau plus sombre qu’attendu de l’état du marché du travail, à l’heure où les experts prévoient un ralentissement de l’activité économique sous l’effet de l’offensive douanière du président américain.
Le principal conseiller économique de Donald Trump, Kevin Hassett, s’est vu demander lundi matin par la chaîne de télévision de l’économie américaine CNBC si lui aussi pensait que les chiffres étaient faux. « En tant qu’économiste, j’aime m’en tenir à ce que je peux prouver. Et ce que je peux prouver, c’est que les données sont devenues très peu fiables », a-t-il répondu pour éluder la question, estimant qu’elles « pouvaient être manipulées politiquement » en raison d’une méthodologie « pas transparente ».
Il a estimé dans le même temps que les chiffres révisés sont en principe plus solides que les précédents, car basés sur des « données plus complètes ». « Si les données ne sont pas manipulées », le marché du travail va moins bien « que ce à quoi on s’attendait », a-t-il concédé.
Dans son rapport, le service statistiques explique réviser « systématiquement » les données des deux mois précédant celui concerné par la nouvelle publication (en l’occurrence dans ce cas, mai et juin) « afin d’intégrer des remontées additionnelles et de recalculer les facteurs d’ajustement saisonnier ».
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Le Wall Street Journal avait rapporté au début du mois de juin que le service statistiques avait fait savoir qu’il pouvait compter sur moins de personnel qu’avant pour faire ses relevés en raison du gel des embauches décidé par l’exécutif américain, au risque de réduire la fiabilité de ses publications.
Nouvelles nominations et tensions autour de la Fed
Donald Trump doit aussi désigner prochainement la personne qu’il souhaite voir entrer au comité fixant les taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed), après la démission surprise, vendredi, de la gouverneure Adriana Kugler. Le chef de l’Etat estime avoir son mot à dire sur la politique monétaire et ne cesse d’admonester le président de la banque centrale, Jerome Powell, dans l’espoir de le voir partir à son tour.