- Durant 12 jours de guerre, des centaines de frappes israéliennes – puis américaines – ont pilonné les installations de l’Iran.
- De quoi porter un coup fatal au programme nucléaire de l’ayatollah Khamenei ?
- Pas sûr, car l’AIEA est sans nouvelle d’une demi-tonne d’uranium enrichi.
- Emmanuel Macron redoute, lui, une reprise « clandestine » du programme.
Suivez la couverture complète
Guerre Israël-Iran : les États-Unis ont frappé
Mission accomplie ? Après quasiment deux semaines de frappes, Israël et les États-Unis martèlent que le programme nucléaire iranien est désormais « dévasté
« . Un satisfecit à prendre avec des pincettes : l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) veut le voir pour le croire, réclamant un accès aux sites. Par la voix d’Emmanuel Macron, la France, elle, met en garde contre un programme qui pourrait reprendre à l’avenir sous une forme clandestine.
Des sites clés très endommagés
Pilonnés par Israël durant une dizaine de jours, les principaux sites que sont Fordo, Natanz et Ispahan ont subi des dégâts significatifs mais dont l’étendu reste à préciser. Certes, les forces américaines ont lâché 14 bombes GBU-57 de 13.600 kg. Mais, pour évaluer leur impact, Donald Trump s’est notamment appuyé sur des informations OSINT – Open-source intelligence, c’est-à-dire en sources ouvertes sur Internet.
« Ce que nous savons, c’est que (les Iraniens) n’ont plus la capacité de transformer (ndlr : le combustible) en un uranium de qualité militaire, et c’était vraiment l’objectif recherché
« , a assuré J.D. Vance, le vice-président américain. Le patron de l’AIEA, Rafael Grossi, a, lui aussi, évoqué de possibles « dégâts très importants
» à Fordo « compte tenu de la charge explosive utilisée et de l’extrême sensibilité aux vibrations
» des volumineuses et coûteuses machines que sont les centrifugeuses et qui servent à enrichir l’uranium.
Des scientifiques neutralisés
L’État hébreu n’a pas seulement ciblé des sites nucléaires : une dizaine de scientifiques et d’experts de haut niveau ont été tués. Parmi eux : Ali Bekaei Karimi, Mansour Asgari et Saeed Borji. « Leur élimination représente un coup dur pour la capacité du régime iranien à acquérir des armes de destruction massive
« , a estimé l’armée israélienne.
Un uranium déplacé pour mieux être enrichi ?
Malgré les dégâts infligés aux sites, l’uranium peut, lui, toujours être enrichi. C’est en tout cas l’avis de l’AIEA : selon le gendarme onusien du nucléaire, des réserves de 408,6 kg de matière enrichie à 60% ont été vues pour la dernière fois par son personnel le 10 juin. Un tel stock, s’il était enrichi à 90%, pourrait servir en théorie à fabriquer plus de neuf armes nucléaires. Où se trouvaient ces réserves avant le début des frappes ? C’est la question que se pose l’AIEA.
Les craintes sont d’autant plus fortes que le 13 juin, date du lancement de l’offensive israélienne, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait adressé à l’agence onusienne une lettre signalant la mise en place « de mesures spéciales pour protéger les équipements et la matière nucléaire
« . En outre, des images satellitaires ont montré des mouvements de véhicules autour d’une des entrées souterraines de Fordo en amont de l’attaque américaine. L’uranium enrichi, stocké sous forme de poudre dans des conteneurs, est facilement transportable en voiture.
A-t-il été déplacé ? Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a certifié disposer de « renseignements intéressants
» à ce sujet, se refusant à en dire plus. J.D. Vance a lui-même reconnu sur la chaîne américaine ABC qu’il faudrait s’occuper du combustible « dans les prochaines semaines
« . Israël a, quoiqu’il en soit, affirmé avoir « déjà retardé d’au moins 2 ou 3 ans »
une possible arme nucléaire iranienne.
Vers une reprise clandestine du programme ?
Malgré l’ampleur des frappes, l’Iran pourrait continuer à développer son programme, loin des contrôles de l’AIEA. Notamment, car il disposait il y a encore deux semaines de plus de 20.000 centrifugeuses pour enrichir son uranium. Certaines pourraient encore servir. C’est en tout cas la crainte d’Emmanuel Macron : le président français a reconnu ce mardi qu’il y a « un risque accru
» d’enrichissement clandestin. « Ce serait un chemin irresponsable à la fois pour la sécurité régionale, pour la prolifération nucléaire internationale, mais également pour les dirigeants
» iraniens, a ajouté le chef d’État.
Le gouvernement iranien, lui, a d’ores et déjà assuré avoir « pris les mesures nécessaires
» pour assurer la poursuite de son programme nucléaire.