![](https://i3.wp.com/img.lemde.fr/2024/06/09/5/0/8113/5408/1440/960/60/0/d2dea32_2cfc5f868c854954ad29ae950db11f2a-0-de7b9098b07b4637a6332bb329eb08e4.jpg?w=1200&resize=1200,0&ssl=1)
Quart d’heure français, dimanche 9 juin, aux championnats d’Europe d’athlétisme à Rome. Deux médailles d’or coup sur coup, à peine le temps d’un mouvement d’aiguille. Alice Finot sur 3 000 mètres steeple (9 m 16 s 22) et Gabriel Tual sur 800 mètres (1 m 44 s 87). Même métal, même bonheur, même drapeau tricolore sur les épaules, mêmes embrassades, pour deux trajectoires bien différentes.
Incontestable sur la piste, la victoire d’Alice Finot a été mégotée par l’équipe allemande – leur représentant Gesa Felicitas Krause avait fini deuxième de l’épreuve et la Britannique Elizabeth Bird troisième. Les juges ont d’abord décidé que la Française avait mordu la ligne après le saut de la rivière. Disqualifiée pour un orteil, la sanction était cruelle. Puis requalifiée après visionnage des images. Puis recontestée par l’Allemagne. Puis rediscutée. Puis validée enfin, la fumée blanche sortant enfin du bureau des juges. Une victoire un peu à l’image de la carrière de la championne française : chaotique.
Alice Finot a en effet commencé dans l’athlétisme par un faux départ. Née en 1991, la Montbéliarde avait cru sa carrière et ses rêves de médailles achevés avant même d’avoir commencé, à dix-sept ans. Jusqu’à cet âge, rien que de normal. L’adolescente avait commencé comme beaucoup le cross au collège à 13 ans. Les qualités sont là. Elle est repérée, prend une licence scolaire puis fédérale. Une carrière classique s’annonce.
Mais la suite est honorable, sans plus. La Franc-Comtoise piétine, ce qui incite la jeune femme à se concentrer sur ses études. Fini le sport de haut niveau et les rêves de gamine riant sur un podium. Baccalauréat en poche, elle débute en 2008 de brillantes études d’ingénieure. Six ans à bûcher pour décrocher son diplôme, plongée dans les livres, loin de la piste. En 2015, devenue ingénieure, Alice Finot reprend pourtant l’athlétisme. De zéro ou presque.
Pépite que l’on découvre, à 30 ans
Elle est embauchée par Peugeot qui l’envoie en Espagne, en Galice plus précisément. Elle rencontre là-bas Manuel Martinez Ageitos, entraîneur du club du Celta atletismo femenino de Vigo. Elle a vingt-cinq ans, l’âge où, normalement, la valeur est établie et le talent reconnu. Elle, Alice Finot, ne sait rien de son potentiel. Elle doit encore pratiquer ses gammes, comme une junior. Ce qu’elle fait.
Commence alors une course contre le chronomètre et l’âge. Elle trouve sa distance : le 3 000 mètres steeple. Elle améliore ses temps, sortie après sortie. Elle s’invite aux championnats de France, puis en équipe de France. Elle devient vice-championne d’Europe en salle en 2021. Elle a 30 ans, l’âge où une réputation est en principe déjà affirmée. Elle, n’est encore qu’une athlète en devenir, une pépite qu’on découvre. En 2022, elle bat le record de France de sa discipline, vieux de 13 ans. Elle le battra cinq fois. Dixième aux championnats du monde à Eugene (Oregon) en 2022, elle est cinquième à Budapest l’année suivante. Vite, vite, toujours plus vite. Le temps presse.
Il vous reste 44.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.