LETTRE DE MADRID
Après onze ans de plaintes, de recours et de va-et-vient entre diverses instances judiciaires, la Cour suprême espagnole a finalement tranché, le 28 mai, dans l’affaire des peintures du monastère roman de Santa Maria de Sijena, qui oppose depuis 2015 les régions d’Aragon et de Catalogne. Sans surprise, mais non sans polémique, elle a confirmé, en dernière instance, la condamnation du Musée national d’art de Catalogne (MNAC), à Barcelone, à restituer sous vingt jours les fresques murales du monastère de la commune de Villanueva de Sijena, dans la province aragonaise de Huesca. Datées de 1196 à 1208, elles en furent arrachées en 1936, pour les protéger de la guerre d’Espagne, avant d’être achetées par le MNAC à des religieuses qui n’en étaient pas les propriétaires.
Pour les responsables du musée catalan, qui les expose depuis 1961 et a fait appel à de nombreux experts ces dernières années pour s’armer d’arguments contre le transfert des peintures, cette décision met en danger des œuvres extrêmement fragiles. Pour le gouvernement aragonais, qui a investi près de 1,2 million d’euros dans des travaux de restauration du monastère, incluant l’installation d’un système sophistiqué de climatisation des salles en vue de les accueillir, il est temps que revienne dans son lieu d’origine « la chapelle Sixtine de l’art roman ». « Le monastère est en état d’entreposer ces œuvres en parfaite sécurité et, dans très peu de temps, de les exposer », a assuré le président de la région autonome, Jorge Azcon (Parti populaire, PP, droite).
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