Une fois de plus, l’Allemagne doit constater qu’elle est une cible privilégiée des opérations de déstabilisation menées par la Russie en Europe. Six semaines après la diffusion par la chaîne russe RT d’une discussion entre officiers de l’armée de l’air allemande évoquant l’hypothèse d’une livraison à l’Ukraine de missiles de croisière Taurus, le parquet fédéral de Karlsruhe, chargé des affaires terroristes outre-Rhin, a annoncé, jeudi 18 avril, l’arrestation de deux hommes soupçonnés d’avoir voulu commettre des actes de sabotage au profit de la Russie depuis le territoire allemand.
Arrêtés mercredi à Bayreuth, dans le Land de Bavière, Dieter S. et Alexander J. sont tous deux détenteurs de la double nationalité russe et allemande. Dans son communiqué, le parquet insiste surtout sur le rôle du premier. Agé de 39 ans, l’homme aurait combattu, de 2014 à 2016, auprès des séparatistes prorusses de l’autoproclamée « république populaire de Donetsk », dans l’est de l’Ukraine.
Depuis octobre 2023, il aurait été en contact avec une « personne liée aux services secrets russes » afin de « discuter d’éventuels actes de sabotage visant à saper le soutien militaire apporté par l’Allemagne à l’Ukraine dans le cadre de la guerre d’agression menée par la Russie ». Lors de leurs échanges, il se serait dit « prêt à commettre des attaques terroristes et des incendies criminels sur des sites industriels et militaires situés en Allemagne ». A cette fin, « il aurait notamment collecté des informations sur des cibles potentielles, en particulier des installations militaires américaines, au moyen de photos ou de vidéos qu’il a ensuite transmises à son interlocuteur », ajoute le parquet. Au sujet du second individu arrêté mercredi, Alexander J., 37 ans, il se contente d’indiquer qu’il a « apporté de l’aide » au premier, « au plus tard en mars de cette année ».
Tout au long de la journée de jeudi, plusieurs médias allemands ont précisé les informations fournies par le parquet. Parmi les cibles visées pour de potentiels attentats, on sait ainsi qu’y figurait la base militaire américaine de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés au maniement des chars de combat M1 Abrams, située à une quarantaine de kilomètres de Bayreuth, où les deux hommes ont été interpellés.
« Répondre de façon offensive et déterminée »
Un long article de l’hebdomadaire Der Spiegel, publié jeudi soir, a donné un certain nombre de précisions. On y apprend notamment que Dieter S. a relayé sur sa page Facebook plusieurs messages du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), parmi lesquels un photomontage représentant le vice-chancelier et ministre de l’économie écologiste, Robert Habeck, accompagné de ce message : « Débranchez-le maintenant ! » Quant à Alexander J., qui fut écolier en Russie avant d’être étudiant à Bayreuth, le Spiegel a révélé qu’il avait posté sur les réseaux sociaux, en 2022, une photo de cadavres dans le Donbass, en s’indignant que « pas un seul salopard de l’Union européenne n’exprime un mot de compassion à leur égard ».
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