Soixante-cinq ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, c’est l’une des figures majeures du monde des affaires et du gotha belges qui est mise en cause pour sa possible participation à cet épisode tragique de la décolonisation du Congo. Le comte Etienne Davignon, 92 ans, pourrait être renvoyé devant une cour d’assises si la chambre du conseil de Bruxelles suit, en janvier 2026, les réquisitions rendues publiques mardi 17 juin par le parquet fédéral.
Celui-ci considère que l’ex-diplomate pourrait être impliqué dans la mort de l’ancien premier chef de gouvernement du Congo, en 1961. Le ministère public demande son renvoi pour « détention et transfert illicite » de M. Lumumba au moment où il avait été fait prisonnier, et pour « traitements humiliants et dégradants ». L’incrimination d’« intention de tuer » n’a, en revanche, pas été retenue.
Une décision de renvoi, ou non, de M. Davignon sera le nouvel épisode d’un long feuilleton judiciaire qui a démarré en 2011 quand François Lumumba, le fils aîné de l’ancien dirigeant charismatique du Mouvement national congolais (MNC), a déposé plainte devant la justice bruxelloise. La plainte pour crimes de guerre, tortures et traitements inhumains visait « diverses administrations de l’Etat belge » et leur participation à « un vaste complot en vue de l’élimination politique et physique de Patrice Lumumba ». Dix citoyens belges, agents du renseignement, militaires et diplomates, étaient cités. M. Davignon, est le seul à être encore en vie. A l’âge de 27 ans, il avait exercé des fonctions au Congo pour le ministère belge des affaires étrangères.
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