Samedi 24 août, un Algérien âgé de 33 ans en situation régulière a incendié la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte (Hérault).
Le principal suspect ainsi qu’un proche ont été mis en examen mercredi soir par un juge antiterroriste parisien puis écroués pour cet acte qui aurait pu avoir des conséquences « dramatiques », selon les autorités.
Les investigations ont démontré que l’auteur des faits s’était « radicalisé », qu’il nourrissait « une haine des juifs » et qu’il avait préparé son geste.
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La synagogue de La Grande-Motte prise pour cible
Avec deux autres hommes, il aura passé près de 96 heures face aux enquêteurs. Le principal suspect ainsi qu’un proche ont été mis en examen mercredi soir par un juge antiterroriste parisien puis écroués suite à l’incendie survenu samedi 24 août dans la matinée à la synagogue de la Grande-Motte (Hérault) alors que cinq personnes dont le rabbin s’y trouvaient.
Parmi ces personnes, le principal mis en cause, un Algérien de 33 ans en situation régulière désigné comme « EHK » par le Pnat et qui apparait sur les caméras de vidéosurveillance du lieu de culte avec un keffieh sur la tête et un drapeau de la Palestine. Sans emploi, sans revenu et occupant sans titre d’un logement à Nîmes, le trentenaire avait été condamné à une reprise en octobre 2022 pour des faits de conduite en état alcoolique. Il était inconnu des services spécialisés.
Dans une communication ce mercredi, le parquet national antiterroriste révèle pourtant que cet homme a prémédité et soigneusement préparé son projet avant de passer à l’acte dans un geste dirigé contre la communauté juive et pour « soutenir la cause palestinienne ».
Une « haine des juifs » et une volonté de « combattre à Gaza »
Les investigations ont en effet montré qu’EHK s’était « radicalisé dans la pratique de sa religion depuis plusieurs mois et nourrit également, de longue date, une haine des juifs, plus spécifiquement focalisée sur la situation en Palestine », explique le parquet. Le trentenaire a par ailleurs fait savoir à plusieurs de ses proches qu’il avait « l’intention d’aller combattre à Gaza ».
Au cours de ses auditions, le gardé à vue a déclaré avoir agi « pour soutenir la cause palestinienne, contestant toute intention homicide, mais concédant avoir eu l’intention de faire peur ». « Il entendait, par son action à forte portée symbolique, faire réagir les autorités israéliennes », ajoute le Pnat.
Une arme de poing achetée, des repérages effectués
Concernant les faits commis sur le sol français le week-end dernier, les premières investigations ont permis d’établir que, dans les semaines précédant les faits, EHK « avait acquis une arme de poing et procédé à diverses recherches internet sur des synagogues de la région, les fêtes juives et la période du shabbat » révèle le parquet. Il avait également effectué des repérages, plus ciblés, sur la synagogue de La Grande-Motte.
Il a dormi près de la synagogue puis est passé à l’acte
C’est dans la nuit du 23 au 24 août 2024, qu’EHK a décidé de passer à l’acte. Le trentenaire a dormi dans sa voiture près de la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte. « À 8h21, muni de plusieurs bouteilles en plastique remplies de carburant, d’une hache comportant des mentions écrites de sa main, relatives à la Palestine, à Gaza et au sang des musulmans, et porteur d’une arme de poing, il franchissait, en l’escaladant, le mur d’enceinte de la synagogue. À cet instant, il revêtait un keffieh et se parait, à la taille, d’un drapeau palestinien », détaille le Pnat.
L’individu a ensuite mis le feu à plusieurs endroits et à un véhicule « avant de se diriger, hache et arme de poing à la main, vers une armoire de climatisation derrière laquelle il se dissimulait ». Il a par la suite incendié une paillote et un second véhicule stationné à proximité.
« Sur le parking, se trouvaient des bouteilles de gaz, dont une allait exploser lors de l’intervention des premiers secours, occasionnant de légères blessures à un policier municipal », relate le Pnat. L’Algérien a ensuite pris la fuite à bord de sa voiture, avant de l’abandonner à quelques dizaines de mètres de la synagogue.
Il est allé chercher de l’aide et a été interpellé
Après son geste, EHK a rejoint un homme qu’il connaissait sur un marché du Grau-du-Roi et lui a demandé de le ramener à Nîmes dans l’après-midi. Une fois dans son logement situé au 19ᵉ étage d’un immeuble du quartier Pissevin, il a retrouvé un de ses proches avec « lequel il avait antérieurement échangé sur un éventuel passage à l’acte. »
« Lors de l’arrivée des forces de l’ordre face à l’appartement occupé par le principal suspect, celui-ci se saisissait de son arme de poing, qu’il savait chargée de munitions à blanc et donc non létales, et tirait à cinq reprises dans leur direction. Il était blessé en retour par un tir de riposte au niveau du bras et du thorax et présentait une plaie au visage consécutive à l’action d’interpellation », décrit le parquet.
Premier passage à l’acte violent à caractère antisémite dont le Pnat s’est saisi depuis le 7 octobre
« Cet acte, dont les conditions de réalisation (mode opératoire, cible) sont de nature à instaurer dans la population un climat de peur et d’insécurité et à faire naître, dans la communauté juive et au-delà, un sentiment d’effroi et de menace directe, constitue le premier passage à l’acte violent à caractère antisémite dont le parquet national antiterroriste s’est saisi depuis les événements du 7 octobre 2023 », souligne le Pnat.
Ce dernier a ouvert ce mercredi une information judiciaire pour notamment : association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes, tentative d’assassinats, commise en raison de la race ou la religion, en relation avec une entreprise terroriste et dégradations par incendie ou moyen dangereux pour les personnes, ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours, commises en raison de la race ou la religion, en relation avec une entreprise terroriste.
En fin de soirée, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé qu' »EHK », un Algérien de 33 ans en situation régulière et inconnu des services spécialisés, a été mis en examen par un juge antiterroriste notamment pour tentative d’assassinats terroriste commis en raison de la race ou de la religion et pour association de malfaiteurs terroriste, conformément à ses réquisitions. Il a ensuite été placé en décision provisoire sur décision d’un juge des libertés et de la détention (JLD).