Christophe B., un quinquagénaire français suspecté du meurtre raciste d’Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien, samedi 31 mai à Puget-sur-Argens (Var), a « reconnu » en garde à vue les faits mais « contesté toute motivation raciste », a fait savoir le Parquet antiterroriste (PNAT), jeudi 5 juin. L’homme, présenté dans l’après-midi à un juge antiterroriste, conteste également « toute intention terroriste », a précisé dans un communiqué le PNAT, qui a annoncé avoir requis sa mise en examen pour assassinat terroriste en raison de la religion, la race ou l’ethnie ainsi que son placement en détention provisoire.
A Puget sur-Argens, samedi soir vers 22 heures, le suspect, qui avait consommé de l’alcool dans la journée, a selon le PNAT, « tiré à plusieurs reprises » sur son voisin, Hichem Miraoui, depuis sa voiture. Il a ensuite tiré sur le logement d’un second voisin, puis sur deux de ses occupants, « blessant l’un d’entre eux à la main », un homme né en 1990 en Turquie, « avant de prendre la fuite » en voiture. Il avait finalement été interpellé par des hommes du GIGN.
D’après le communiqué du Parquet antiterroriste, il avait diffusé sur Facebook avant les faits une vidéo interpellant ainsi les « Français » : « Réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont ». Il faisait « allégeance au bleu blanc rouge » et annonçait son intention de dire « stop aux islamiques ». Après son périple meurtrier et jusqu’à son interpellation à 5 heures le dimanche matin, il a publié quatre autres vidéos sur Facebook dans lesquelles il décrivait un Etat « pas capable de nous protéger, de les renvoyez chez eux » et précisait « avoir dégommé les 2-3 merdes qui étaient près de chez [lui] ».
Selon le PNAT, son examen psychiatrique n’a pointé « aucune pathologie ou anomalie mentale ».
Outre les vidéos déjà évoquées, le Parquet relève que Christophe B. avait déjà fait sur les réseaux sociaux « de très nombreuses publications portant notamment sur le terrorisme, les étrangers, l’islam, l’ultra-droite ou ciblant les instances gouvernementales françaises. »
Bruno Retailleau reconnaît « clairement un crime raciste »
Mardi après-midi, devant l’Assemblée nationale, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a exprimé « une pensée émue » pour les victimes, leurs familles, mais aussi pour « la communauté tunisienne ». Ce meurtre est « clairement un crime raciste », « sans doute aussi antimusulman », et « peut-être aussi un crime terroriste », a ajouté le ministre de l’intérieur, « heureux » que le PNAT se soit saisi de l’affaire.
« Je veux justice pour mon frère », « victime d’un acte terroriste », a réclamé mardi Hanen Miraoui, sœur de la victime, jointe par téléphone par l’Agence France-Presse. « Nous parlions des préparatifs de l’Aïd [El Kebir, grande fête musulmane prévue vendredi en Tunisie]. Il rigolait et taquinait ma mère qui était malade, puis tout d’un coup, je l’ai entendu dire “Aïe “puis la communication s’est interrompue », a décrit Hanen Miraoui. D’après elle, le suspect « était connu dans le quartier de mon frère pour sa haine des Arabes ».
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Ce crime « terroriste » a « suscité un profond mécontentement et une profonde tristesse dans l’opinion publique » tunisienne, a dit le ministre tunisien de l’intérieur, Khaled Nouri, en soulignant « la nécessité d’assurer la protection de la communauté tunisienne sur le territoire français ».
Organisée par les proches d’Hichem Miraoui, une marche blanche doit avoir lieu dimanche à 15 heures à Puget-sur-Argens, annonce une feuille blanche scotchée sur la devanture du salon de coiffure où travaillait la victime.