Condamné, mercredi 26 février, à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible, le Tunisien Brahim Aouissaoui, auteur de l’attentat de la basilique de Nice qui a fait trois victimes le 29 octobre 2020, a fait appel de sa condamnation. « Je viens de faire appel pour Brahim Aouissaoui », a déclaré Me Martin Méchin, son avocat, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), lundi 3 mars.
Un nouveau procès en appel devrait donc avoir lieu dans les mois à venir. La perpétuité avec période de sûreté incompressible ou « perpétuité réelle » rend très infime la possibilité d’un aménagement de peine. En matière de terrorisme, cette peine avait été prononcée contre Salah Abdeslam pour les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Lors du procès, Me Méchin avait qualifié cette peine exceptionnelle de « peine de mort qui ne dit pas son nom », de « peine de mort des hypocrites ».
« Même si l’appel est le droit le plus strict de tout un chacun, du côté des victimes de terrorisme, la longueur des procédures est une souffrance qui s’ajoute à la souffrance », a réagi l’avocate de parties civiles, Me Olivia Chalus-Pénochet. « Je viens d’avoir mes clients, ils sont dévastés de chagrin et de douleur à l’idée de revivre à nouveau ce procès », a également dit à l’AFP Me Samia Maktouf, ajoutant : « Rien que l’idée d’avoir à assister à un nouveau procès, à de nouvelles audiences, tant de barbarie, leur fait énormément de peine et de douleur. »
« Très grande dangerosité »
Durant son procès, Brahim Aouissaoui, qui aura 26 ans à la fin du mois, a reconnu avoir tué avec un couteau de cuisine la paroissienne Nadine Devillers, 60 ans, quasiment décapitée, le sacristain Vincent Loquès, 54 ans, égorgé, et la mère de famille Simone Barreto Silva, 44 ans, qui a reçu vingt-cinq coups de couteau avant de succomber.
L’assaillant a également été reconnu coupable de sept tentatives d’assassinat contre deux amis du sacristain, présents dans l’église, et les cinq policiers municipaux parvenus à le neutraliser. Dans les motivations de son jugement, la cour d’assises spéciale de Paris a mis en garde contre « la très grande dangerosité » de l’accusé et « le risque élevé de récidive en raison du maintien dans une posture idéologique rigide ».
Tout en reconnaissant les faits, Brahim Aouissaoui a contesté leur caractère terroriste en reprenant, selon la cour d’assises, « les éléments de propagande des organisations terroristes se revendiquant de l’islam ». « Il est légitime de tuer des innocents », avait notamment proclamé l’accusé à l’audience.