Le nord du Bénin est en proie à de nouvelles violences djihadistes présumées. Trois militaires et deux policiers ont été tués lors d’un assaut lancé dans un commissariat de Tanougou, commune de Tanguiéta, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) une source militaire, jeudi 5 juin.
« Les Forces de défense et de sécurité (FDS) poursuivent le ratissage de la zone », a-t-elle ajouté. « Je sais qu’il y a eu une attaque au niveau du commissariat de notre localité, mais je ne peux vous donner aucun bilan », a déclaré, de son côté, un élu local. Jeudi soir, les autorités béninoises n’avaient pas communiqué à propos de l’attaque.
Le Bénin subit depuis plusieurs années l’expansion des violences djihadistes qui frappent le Burkina Faso et le Niger voisins, et plus à l’ouest le Mali. D’autres pays côtiers du golfe de Guinée sont touchés ou menacés.
A la mi-avril, 54 soldats béninois ont été tués dans le parc du W, plus au nord du pays, lors de l’attaque de deux positions de l’opération antidjihadiste Mirador. Début janvier, 28 militaires avaient été tués dans la même zone. Les deux attaques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida. Selon une source diplomatique, 121 militaires béninois ont été tués entre 2021 et décembre 2024.
Absence de coopération sécuritaire
Les chutes de Tanougou, village situé dans la commune de Tanguiéta, constituaient l’un des sites les plus touristiques du département de l’Atacora.
« Cette attaque en rajoute à notre crainte. On se demandait, “A quand le retour à l’accalmie ?”», confie un guide local, sous couvert de l’anonymat. « Le fait qu’un important symbole de tourisme dans l’Atacora comme Tanougou soit touché risque de faire fuir encore les touristes », craint-il. « Au-delà de la perte en vie humaine, c’est une énorme perte aussi pour nous autres qui sommes dans le secteur touristique », ajoute-t-il.
En janvier 2022, le Bénin avait déployé près de 3 000 soldats pour sécuriser ses frontières dans le cadre de l’opération Mirador, avant de recruter 5 000 soldats supplémentaires pour renforcer la sécurité dans le Nord. Mais le président béninois, Patrice Talon, a déploré cette année, mi-mars, les relations « dégradées » avec ses voisins nigérien et burkinabé et l’absence de coopération sécuritaire qui rendent difficiles, selon lui, la lutte contre le djihadisme.
Minés par des attaques djihadistes, le Niger et le Burkina, comme le Mali, sont en froid avec plusieurs pays de la région depuis qu’ils sont dirigés par des régimes militaires issus de coups d’Etat, perpétrés ces cinq dernières années. Ils se sont réunis au sein d’une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et coopèrent notamment militairement.
Le Niger a encore récemment accusé le Bénin d’abriter des bases militaires étrangères en vue de le déstabiliser, ce que Cotonou nie.