C’est l’un des temps forts de la saison du Brésil en France, et le fruit d’un travail de recherche remarquable de la part de l’équipe curatoriale de l’Institut Tomie-Ohtake, centre d’art de Sao Paulo. Le penseur martiniquais Edouard Glissant (1928-2011) n’était pas à proprement parler un collectionneur, mais son cheminement auprès d’artistes l’a amené à constituer une collection très personnelle. Après sa mort, en 2011, elle a rejoint une institution caribéenne, comme il en avait émis le souhait. C’est le Mémorial ACTe, inauguré en 2015 à Pointe-à-Pitre, à la Guadeloupe, qui conserve ainsi cet ensemble de quelque 115 pièces, dont près de la moitié est présentée au sein de cette exposition intitulée « La Terre, le feu, l’eau et les vents. Pour un musée de l’errance avec Edouard Glissant ». La collection contient aussi des objets amérindiens ou africains, mais n’ont été retenues ici que les œuvres d’art rassemblées par celui qui est aujourd’hui très cité et reconnu précisément par le milieu artistique.
« Il avait une relation avec tous ces artistes, c’étaient ses amis, et leurs œuvres ont nourri et accompagné sa pensée, confie Sylvie Séma Glissant, sa veuve. Et ce n’est que maintenant qu’on arrive à comprendre qu’une façon de lire Edouard Glissant est de le faire à travers ces présences, toutes ces relations nouées avec ces esthétiques, ces imaginaires, ces visions, ce que ces artistes apportent et disent du monde. Cela fait pleinement partie de sa pensée poétique. » La pensée de Glissant est en effet un système poétique plus qu’un système philosophique. « Il est avant toute chose un poète, même quand il écrit des essais. Si on lit ses essais sans entrer d’abord dans ce regard poétique, on y a difficilement accès », souligne-t-elle.
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