Trois ans après Leila et ses frères, Saeed Roustaee retrouve la compétition cannoise avec son quatrième long-métrage, Woman and Child. Entretemps, la révolte féministe Femme, vie, liberté a embrasé l’Iran, à partir de septembre 2022. Jusqu’à jeter des soupçons de collusion avec le pouvoir sur le cinéaste de 35 ans, dont il se défend, quelques minutes après avoir monté les marches, le 22 mai.
« Woman and Child » fait-il écho au mouvement Femme, vie, liberté ?
Indirectement, oui. Mon premier long-métrage, Life and a Day (2016), était déjà centré sur une femme. Mon troisième, Leila et ses frères (2022), aussi. Mais elles cherchaient, d’une manière ou d’une autre, à sauver leur entourage. Là, l’héroïne est plus forte et autonome. Elle finit par rompre avec toute forme de dépendance. Elle décide, seule, de se venger ou de pardonner, de donner la mort ou la vie…
Vos personnages féminins portent le voile, y compris dans les scènes d’intérieur. Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent cette concession au régime ?
Depuis Femme, vie, Liberté, cette question est plus brûlante encore. Le jour où on a tourné à l’école, avec 700 enfants et leurs parents, j’ai subi un interrogatoire : on voulait savoir ce que je tournais, pourquoi, comment. En Iran, tous les cinéastes sont sous surveillance, moi y compris. Certains luttent en arrêtant de travailler. Dans mon cas, jeter l’éponge ne servirait à rien. On parle beaucoup du voile, mais il faut surmonter tellement d’obstacles pour faire un film… Il y a des années, si on vous arrêtait en possession d’une cassette VHS, vous risquiez la prison. Peu à peu, le pouvoir s’est assoupli sur ce point. J’espère qu’il en ira de même avec le voile.
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