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Les vents mauvais soudain se sont éloignés, l’ombre du scandale s’est dissipée. La voix du collectif des travailleurs précaires du cinéma (lesquels venaient de réussir à hisser leur banderole au-dessus du Palais) n’a pas franchi la barrière. Si bien qu’à l’intérieur, le bruit et la rumeur se sont tus. Le temps, au moins, d’une trêve. Celle que nous a offerte, mardi 14 mai, la cérémonie d’ouverture de la 77e édition du Festival de Cannes. Et sur laquelle des reines ont régné.
Solides, tremblantes, émouvantes et drôles. Actrices, réalisatrices, chanteuse réunies sur scène pour donner le coup d’envoi des festivités. Portant haut et brillamment les couleurs du cinéma, sans taire ce qui, en coulisses, vient parfois salement les éclabousser, elles ont fait écho à la parole des femmes. Et leur ont rendu hommage en composant un tableau 100 % féminin auquel il revint à la maîtresse de cérémonie, l’actrice Camille Cottin, d’apporter les premières touches.
Un fond d’humour : « Chers invités, chers amis (…) vous l’ignorez peut-être mais vous vous apprêtez à rentrer dans un monde parallèle qu’on appelle le vortex cannois (…) Dans ce monde, le jour et la nuit se confondent. On part en projection très tôt le matin sans avoir dormi et on donne ses rendez-vous professionnels en pleine nuit, sur une plage qui porte le nom d’une marque. C’est normal. »
Une pointe d’ironie : « Je précise que les rendez-vous nocturnes dans les chambres d’hôtel de messieurs tout-puissants ne font plus partie des us et coutumes du vortex cannois suite à l’adoption du mouvement #metoo et l’on s’en félicite. » Et des accents plus graves pour évoquer l’état du monde qui « nous inquiète, voire, par endroits, nous glace le sang », la planète qui brûle et le danger que fait peser l’intelligence artificielle.
Emotion
Aussi pouvait-on se réjouir, comme l’a souligné avec fermeté Camille Cottin, de cette parenthèse, « ce lieu de rencontres, de débats et d’émerveillement » que vient chaque année nous apporter sur un plateau le Festival de Cannes. Plateau sur lequel l’actrice a ensuite accueilli le jury de la compétition officielle – 22 films, dont quatre seulement signée par des réalisatrices. Un jury présidé cette année par l’actrice et cinéaste américaine dont le film Barbie (sorti en 2023) a explosé le box-office mondial : Greta Gerwig.
Cette dernière – dont la désignation à la tête du jury rompt avec quatre années de présidence masculine – s’est dite ravie de ces dix jours qui l’attendaient « en ce lieu sacré » et sembla sincèrement émue par le « cadeau » que lui avait réservé le festival : la présence de la chanteuse belge Zaho de Sagazan. Voix puissante et mouvements du corps gracieux, elle a surgi du fond de la salle pour interpréter Modern Love de David Bowie, l’une des chansons phares du film de Noah Baumbach, Frances Ha (2013), dans lequel Greta Gerwig, par ailleurs épouse du réalisateur, tenait le premier rôle.
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