Au diable le corset et les scénarios calibrés. La 78e édition du Festival international du film de Locarno, qui a lieu du 6 au 16 août, est-elle en train de réussir à ouvrir un peu le jeu des programmations, lesquelles ont tendance à s’assagir, à Venise, Cannes ou Berlin, par peur du scandale ? Le directeur artistique de la manifestation suisse, Giona A. Nazzaro, a pris le risque de sélectionner un certain nombre d’œuvres où se disent des choses que l’on n’entend plus, où les corps respirent devant la caméra, les cinéastes trouvant la forme adéquate pour lever toute ambiguïté voyeuriste.
Locarno cette année, c’est la résille plutôt que la résilience, un très beau mot, certes, mais qui a fini par être utilisé à toutes les sauces dans des récits souvent prévisibles. A mi-parcours du festival, Dracula, de Radu Jude, en lice pour le Léopard d’or, décroche la palme de l’œuvre sulfureuse, en imaginant un film de vampire réalisé par l’IA, pimenté de sexe et régressif, véritable brûlot contre la vulgarité ambiante, mais pas seulement.
Avec ce « film hommage à la série B », certes excessif, le cinéaste roumain a cherché à se réinventer : « Le cinéma est un peu en berne sur la question des récits. Les gens ont peur de l’IA, mais si l’IA fait un meilleur film que moi, alors OK, je prends ma retraite ! », a lancé Radu Jude, lors de la conférence de presse, dimanche 10 août. A ses côtés, l’actrice principale, Oana Maria Zaharia, en combinaison résille justement, a parlé de son rôle, et de sa prestation érotique, en des termes qui sembleraient inimaginables dans le cinéma français : « Je remercie Radu Jude, j’ai pu exprimer toute ma perversité et mes coins sombres, être moi-même. »
Il vous reste 72.63% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.