« Elle est retrouvée. Quoi ? – L’Eternité. » Rimbaud a publié plusieurs fois l’un de ses plus fameux poèmes, L’Eternité, notamment dans Une saison en enfer et dans Les Illuminations. Deux recueils dont les titres pourraient servir d’exergue au spectacle que le Festival de Salzbourg, en Autriche, présente cette saison dans le cadre minéral du Manège des rochers. Elaboré par le metteur en scène Peter Sellars, One Morning Turns into an Eternity (« Un matin peut se transformer en éternité ») s’articule autour d’un diptyque qui réunit Erwartung (« L’Attente », 1909), d’Arnold Schoenberg, et Der Abschied (« L’Adieu »), de Gustav Mahler, dernier des six lieder du Chant de la Terre (1909).
Entre les deux, les brefs Fünf Stücke für Orchester op. 10 d’Anton Webern, composés entre 1911 et 1913. Sellars y explore les deux acceptions d’un même songe : une souffrance intense ouvrant sur le désir de se libérer du monde, et une vision plus abstraite et spirituelle de l’éternité, dont la beauté est messagère. Cette soirée du samedi 2 août est, en outre, dédiée au regretté Bob Wilson, disparu le 31 juillet, pilier salzbourgeois au temps de Gerard Mortier (1943-2014), qui associa lui-même, en 1995, au Château de Barbe-Bleue de Bartok le monodrame schoenbergien, dont subsiste toujours un élément de décor dans le hall du Palais des festivals : le banc de marbre noir où s’asseyait la grande Jessye Norman (1945-2019).
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