Pour tenir la promesse démocratique, il faut instaurer la « parité sociale » en limitant l’omniprésence des classes supérieures dans la vie politique et en permettant aux classes populaires et moyennes d’accéder à la représentation nationale. Voilà la conclusion du rapport « Tous les mêmes ? Portrait de la France politique de 2002 à nos jours », à paraître début août, et dont notre coalition autour du collectif Démocratiser la politique, composé de citoyens engagés, de responsables associatifs, de syndicalistes, de chercheurs, d’élus locaux et de parlementaires, prend acte.
Dans la période préfasciste que le monde traverse, il est vital que de nouvelles incarnations politiques émergent et que nous travaillions collectivement à leur faire place. Nous avons besoin de nouvelles lectures audacieuses du monde, ancrées dans les réalités et les urgences de chacun, et rompant avec les renoncements actuels d’une élite qui fait sécession.
De solides fondations existent pour cela : l’engagement populaire de nos concitoyens. Depuis 2002, 2,75 millions de personnes se sont portées candidates à une élection au moins une fois. La majorité de ces candidats appartient aux classes populaires et moyennes (respectivement 30 et 26 %, tandis que ces catégories représentent respectivement 32 et 22 % de la population française active et retraitée). Pourtant, au fil des étapes vers l’exercice réel du pouvoir, ces catégories sont évincées : à l’Assemblée nationale en 2012, elles ne représentaient plus que 2 % des députés.
À l’inverse, les classes supérieures dominent le jeu politique. Les élections européennes de 2024 en sont un exemple marquant : 87 % des eurodéputés français y appartiennent, ce qui fait de ce scrutin le plus socialement discriminant de ces dernières années. Même les élections municipales, historiquement plus accessibles, commencent à se refermer sous l’effet d’une gentrification silencieuse de la représentation politique.
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