Le tribunal de district de Tokyo a « émis un ordre de dissolution juridique » de la secte Moon, dans le collimateur de la justice depuis l’assassinat de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, en 2022, afin qu’elle soit privée de toute reconnaissance légale, mardi 25 mars, a déclaré un porte-parole du ministère de l’éducation à l’Agence France-Presse.
En octobre 2023, le gouvernement japonais avait saisi la justice pour obtenir la révocation du statut d’organisation religieuse de l’Eglise de l’Unification, fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon.
Le groupe perdra ses exemptions fiscales, mais, selon le système juridique japonais, cela ne l’empêchera pas de poursuivre ses activités, d’où le terme de « dissolution juridique » utilisé en droit japonais.
Des centaines de millions d’euros obtenus de ses membres
La saisine était survenue à l’issue d’une enquête gouvernementale après l’assassinat de M. Abe, en juillet 2022. L’homme mis en examen pour le meurtre de l’ex-premier ministre, Tetsuya Yamagami – actuellement en détention provisoire et qui pourrait être condamné à la peine de mort s’il est reconnu coupable − en voulait à cette Eglise, à laquelle sa mère aurait donné environ 100 millions de yens (près de 1 million d’euros à l’époque).
Au fil des décennies, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros qui pourraient avoir été donnés par les membres japonais, selon certaines estimations.
Depuis des décennies, le Japon sert de bastion financier à l’Eglise de l’Unification, incitant ses fidèles à expier l’occupation de la Corée pendant la guerre et les encourageant à acheter divers objets pour obtenir le pardon de leurs péchés.
Jusqu’à présent, seuls deux groupes religieux ont été privés de leurs droits légaux au Japon, dont la secte Aum Shinrikyo, à l’origine de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo, en mars 1995. Si Aum a ensuite fait faillite, les deux autres groupes religieux qui lui ont succédé continuent d’opérer dans le pays.