La réunion préparatoire de la neuvième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) n’est pas du genre de celles qui, habituellement, retiennent l’attention des médias. C’était sans compter le conflit entre le Maroc et l’Algérie autour du Sahara occidental. Samedi 24 août, un violent incident a en effet opposé diplomates algériens et marocains avant de faire le bonheur des réseaux sociaux. La vidéo montre en effet un représentant marocain en train de sauter sur une table pour s’emparer du panonceau portant l’inscription « Sahrawi Republic » déposé par Lamine Baali, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique auprès de l’Union africaine, dont elle est membre. Un diplomate algérien se précipite alors sur son homologue marocain, le ceinture et le plaque au sol. Séparés par des intervenants, les deux hommes continuent de s’invectiver.
Le représentant sahraoui, représentant du Front Polisario considéré par le Maroc comme un « mouvement séparatiste sans existence légale », aurait accédé à la conférence grâce à un passeport diplomatique fourni par l’Algérie. Hôte de la rencontre qui s’est terminée dimanche 25 août, le Japon a dû rappeler qu’il ne reconnaissait pas la République arabe sahraouie démocratique – émanation du Front Polisario en conflit avec le Maroc mais soutenu par l’Algérie – et ne l’avait pas invitée.
Ce n’est pas la première fois qu’une délégation sahraouie cherche à s’immiscer dans les Ticad. En 2017, au Mozambique, les autorités locales ont tenté d’imposer la participation du Front Polisario, ce qui a provoqué une altercation avec la délégation marocaine. Rabat avait aussi dénoncé des « manœuvres insidieuses des autorités mozambicaines » pour l’empêcher de participer à la réunion.
« Efforts sérieux du Maroc »
En 2022, lors de la huitième édition de la Ticad, organisée à Tunis, la Tunisie a unilatéralement invité Brahim Ghali, le chef du Front Polisario. Le Japon, coorganisateur de l’événement, l’avait mal pris. Tokyo avait rappelé que la Ticad « porte sur le développement de l’Afrique et que la participation est limitée aux entités officiellement reconnues par le Japon et ne faisant pas l’objet de sanctions de la part de l’Union africaine ».
Le Japon ne veut s’aliéner ni l’Algérie, qui lui vend du pétrole, ni le Maroc, où il achète des engrais et où ses entreprises investissent. Il appuie le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, présenté en 2007. Lors d’une rencontre en septembre 2023 des chefs des diplomaties japonaise et marocaine, le ministre nippon des affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, avait salué « les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus en vue d’une résolution de la question » du Sahara occidental. Un positionnement rappelé en mai par Yoko Kamikawa – qui a succédé à M. Hayashi – lors de la signature d’un « mémorandum de coopération pour un partenariat renforcé » avec le Maroc.
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