Deux Belges de 18 ans ont comparu devant un tribunal mercredi 23 avril, 20 jours après leur arrestation en possession de milliers de fourmis vivantes, dans une affaire qualifiée d’« historique » au Kenya.
Lornoy David et Seppe Lodewijck, ainsi que Dennis Nganga et Duh Hung Nguyen, un Kényan et un Vietnamien faisant face à des accusations similaires dans une affaire de moindre ampleur, seront jugés le 7 mai, a annoncé le tribunal.
Selon l’acte d’accusation consulté par l’Agence France-Presse (AFP), les suspects belges ont été interpellés le 5 avril dans une pension bordant le lac Naivasha, dans le centre du pays, en possession de 5 000 fourmis reines – dont des Messor cephalotes, la plus grande des fourmis moissonneuses qui peuvent atteindre jusqu’à 20 ou 25 mm –, insérées dans 2 244 tubes à essai. Selon un document judiciaire, ces insectes, d’une valeur marchande estimée à environ 7 700 dollars (6688 euros), peuvent survivre au moins deux mois dans ces contenants.
« Un acte de biopiraterie »
Kenya Wildlife Service (KWS), l’agence nationale de conservation, a porté plainte contre ces hommes, affirmant qu’il s’agissait non seulement d’un « crime contre la faune sauvage, mais aussi d’un acte de biopiraterie ». Les suspects « avaient l’intention de faire passer les fourmis en contrebande vers des marchés d’animaux exotiques de grande valeur en Europe et en Asie, où la demande d’espèces d’insectes rares est en hausse », a-t-elle ajouté dans un communiqué. Pour l’institution, cette affaire met en lumière une « évolution inquiétante des schémas de trafics, des mammifères emblématiques vers des espèces moins connues, pourtant essentielles à l’équilibre écologique ».
Le 15 avril, Lornoy David et Seppe Lodewijck ont plaidé coupable de possession de ces insectes mais pas de leur trafic, a souligné, auprès de l’AFP, leur avocate, Halima Magairo, après leur audience. « Ce ne sont que de jeunes enfants qui explorent (…) Tout ce dont ils ont besoin, c’est d’être guidés sur la façon de le faire », a-t-elle déclaré. « Les gens font ces choses quand ils (…) sont tout simplement mal informés. Nous sommes humains, nous pouvons faire des erreurs. »
Dennis Nganga et Duh Hung Nguyen ont été arrêtés le 5 avril dans les comtés de Nairobi et de Machakos avec plusieurs centaines de fourmis dans quelque 140 tubes. Ils ont également plaidé coupable.
La possession de tout spécimen ou trophée d’animal sauvage sans permis est une infraction pénale au Kenya, passible d’une amende minimale d’environ 10 000 dollars (soit 8686 euros) et/ou d’une peine de prison potentielle d’au moins cinq ans.