Rendre compte en images du destin d’une utopie est une gageure, surtout si celle-ci s’étiole. Jean-Vincent Simonet n’a pourtant pas hésité une seconde à s’y frotter, ce jour de 2014 où il a découvert Kitengela, un fameux village d’artistes verriers situé à une heure de route du centre de Nairobi. Un site mythique où l’artiste allemande Nani Croze avait donné naissance, au début des années 1980, à une communauté loufoque, fascinée par le travail du verre usagé et le côtoiement des animaux, doublés de leur alter ego de pierre dans des jardins de sculptures. Un style de vie niant l’ornement dans sa fonction d’ornement.
Alors étudiant à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, Jean-Vincent Simonet est parti rendre visite à sa petite amie, qui avait posé là ses valises pour dessiner des vases. Sur une route qui franchit les gorges de la rivière Mbagathi, il avait longé, exalté, le parc national des faubourgs sud de la capitale du Kenya, où il n’est pas rare de croiser lions et éléphants. « J’ai été émerveillé autant par l’architecture des lieux que par le travail artisanal qui se déploie depuis les habitations jusqu’aux ateliers, où travaille toute la population, dans une fascinante continuité spatiale et temporelle », relate Jean-Vincent Simonet.
Il se souvient avoir aussitôt pensé au Palais idéal du facteur Cheval, fantaisiste monument historique d’Hauterives, dans la Drôme. Il aurait aussi pu songer aux œuvres fantasques de Robert Tatin, exposées à l’air libre à Cossé-le-Vivien, en Mayenne. Ce séjour éclair aura en tout cas suffi à planter une petite graine dans la tête du jeune Parisien natif de Bourgoin-Jallieu, en Isère, qui allait bientôt se découvrir épris de pratiques hybrides, entre la photographie et l’art visuel.
Comme on vide une maison
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