L’épineuse question du désarmement du Hezbollah au Liban est loin d’être résolue. Le gouvernement s’est réuni à nouveau, jeudi 7 août, pour discuter du dossier, au lendemain du rejet par le mouvement chiite de la décision de confisquer ses armes. Sous pression des Etats-Unis et face aux craintes d’une intensification des attaques israéliennes au Liban, les autorités avaient chargé, mardi, l’armée de préparer un plan pour désarmer d’ici à la fin de l’année l’organisation islamiste soutenue par l’Iran.
La réunion de jeudi était consacrée à l’examen d’un mémorandum apporté par l’émissaire américain, Tom Barrack, incluant un calendrier de désarmement. Selon le ministre de l’information, Paul Morcos, le gouvernement a approuvé l’introduction du texte américain, mais sans discuter d’échéances spécifiques.
L’émissaire américain a salué, jeudi, le Liban pour sa décision « historique, audacieuse et juste ». Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a, dans la foulée, félicité Beyrouth pour sa « décision courageuse et historique », qui doit lui permettre d’« aller vers une pleine souveraineté ».
Les quatre ministres chiites présents à la réunion de jeudi, dont deux affiliés au Hezbollah, un au mouvement Amal, son allié, et un indépendant, se sont retirés avant la fin de la séance pour protester contre la décision de désarmer le mouvement, selon la télévision du mouvement, Al-Manar.
Des partisans du Hezbollah sont descendus dans les rues de Beyrouth, jeudi, en voiture et à moto notamment, pour protester contre le soutien du gouvernement à ce plan. Le Hezbollah est la seule faction libanaise qui avait été autorisée à conserver ses armes après la fin de la guerre civile (1975-1990).
Un « péché grave »
La ministre de l’environnement, Tamara Elzein, proche d’Amal, a déclaré à Al-Manar que le gouvernement « espérait d’abord consolider le cessez-le-feu et le retrait israélien, avant de pouvoir finaliser les points restants », faisant référence à la proposition américaine.
Le gouvernement affirme agir dans le cadre du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à un an d’hostilités entre le Hezbollah et Israël en marge de la guerre dans la bande de Gaza. L’accord de cessez-le-feu prévoit le retrait du Hezbollah de la zone située au sud du fleuve Litani et le démantèlement de ses infrastructures militaires, en contrepartie du renforcement du déploiement de l’armée libanaise et des casques bleus de l’ONU. Il prévoit également un retrait israélien du sud du Liban. Mais Israël maintient des troupes dans cinq positions frontalières qu’il juge stratégiques.
En réponse à la décision de le désarmer, le Hezbollah, affaibli par la guerre avec Israël, a accusé, mercredi, le gouvernement de commettre un « péché grave » et affirmé qu’il ignorerait cette décision. Jeudi, le bloc parlementaire du mouvement a appelé le gouvernement à « corriger la situation dans laquelle il s’est mis, ainsi que le Liban, en acceptant les exigences américaines qui servent inévitablement les intérêts de l’ennemi sioniste ».
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Il considère que cette décision « sape la souveraineté du Liban » et « donne les mains libres à Israël pour porter atteinte à sa sécurité, à sa géographie, à sa politique et à son existence future ».
Découverte de tunnels et tensions persistantes
Iraj Masjedi, coordinateur adjoint de la force Al-Qods, branche des opérations extérieures des gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, a déclaré que le désarmement du Hezbollah « n’arrivera pas ».
Le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Andrea Tenenti, a annoncé, jeudi, que ses forces avaient « découvert un réseau étendu de tunnels fortifiés près de Naqoura », dans le sud du Liban, « comprenant plusieurs caches, des pièces d’artillerie, des lance-roquettes multiples ainsi que des centaines de projectiles et de roquettes, des mines antichars et d’autres explosifs ».
Israël, qui, malgré le cessez-le-feu, poursuit ses bombardements au Liban, disant cibler le Hezbollah, a menacé d’intensifier ses opérations militaires si le mouvement n’est pas désarmé. Des frappes israéliennes ont tué au moins cinq personnes et en ont blessé dix, jeudi, dans l’est du Liban, selon le ministère de la santé du pays.