Des centaines de personnes ont manifesté samedi 3 mai à Bamako à l’appel d’une coalition de partis politiques qui redoutent leur possible dissolution par la junte au pouvoir, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Dans une déclaration publiée après la manifestation, ce collectif d’une centaine de partis a « exigé la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre » et appelé « à la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
« Vive la démocratie, à bas la dictature ! », ont scandé les protestataires, réunis au Palais de la culture, près du fleuve Niger, selon des journalistes de l’AFP et des images sur les réseaux sociaux. Plusieurs manifestants ont brandi des pancartes réclamant « la liberté, la démocratie » et « des élections » alors que la junte a manqué à son engagement de transférer le pouvoir aux civils en mars 2024, après deux coups d’Etat militaires en 2020 et 2021.
La manifestation a été encadrée sans incident par les forces de sécurité. Elle constitue l’un des actes de contestation les plus visibles contre les militaires depuis la prise du pouvoir en 2021 par le colonel Assimi Goïta – passé général en octobre 2024. Elle s’est tenue malgré le climat de répression et les risques de représailles.
Les autorités ont annoncé, le 30 avril, l’abrogation de la loi encadrant le fonctionnement des partis politiques, une décision interprétée par des juristes comme une étape vers leur dissolution. Cette annonce a suivi une concertation organisée les 28 et 29 avril par le régime à Bamako, largement boycottée par les partis d’opposition, et qui a recommandé la suppression pure et simple des partis politiques.
Rétorsion et poursuites judiciaires
Elle a également suggéré de proclamer le chef de la junte, le général Goïta, président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable, sans passer par les urnes. Il revient désormais à M. Goïta de décider de l’application ou non de ces recommandations.
« Nous condamnons fermement toute tentative de restriction, de suspension ou de dissolution des partis politiques », affirme la coalition de partis dans sa déclaration. Elle dit rejeter « les conclusions » de la concertation des 28 et 30 avril tenue « sans représentativité réelle ».
Depuis les coups d’Etat de 2020 et 2021, l’opposition malienne a été affaiblie par des mesures de rétorsion, des poursuites judiciaires, la dissolution de plusieurs organisations et un discours dominant appelant à l’unité autour du pouvoir militaire, dans un pays confronté, depuis 2012, à une insécurité chronique liée au djihadisme et à la rébellion touareg dans le nord.