Au marathon de Londres, dimanche 27 avril, tous les regards étaient tournés vers la Néerlandaise Sifan Hassan et l’Ethiopienne Tigst Assefa. Aux Jeux de Paris, la première avait pris le meilleur sur la seconde au prix d’un sprint dans les 200 derniers mètres, pour signer un nouveau record olympique (2 h 22 min 55 s). Quelques mois plus tard, Tigst Assefa a pris une éclatante revanche dans les rues londoniennes. Et en a profité, elle aussi, pour signer un chrono de référence, et pas n’importe lequel : celui du record du monde du marathon lors d’une course exclusivement féminine.
Depuis 2024, il était la propriété de la Kényane Peres Jepchirchir (2 h 16 min et 16 s), qui l’avait battu elle aussi à Londres, où la course des hommes se déroule après celle des femmes. En raison de cette spécificité, les meilleures d’entre elles ne croisent aucun de leurs homologues masculins, et ne peuvent, par conséquent, pas s’en servir de « lièvres » pour réaliser de meilleurs temps. Un an plus tard, sous le soleil de la capitale britannique, Assefa a grignoté la marque de la Kenyane de près d’une demi-minute, terminant sa course victorieuse en 2 h 15 min 50 s.
La coureuse de 28 ans a été la plus régulière, et a profité de la méforme de sa rivale Hassan pour l’emporter. Avant même que la meneuse d’allure ne s’écarte peu après la mi-course, la Néerlandaise avait déjà lâché prise, perdant hectomètres après hectomètre au fil des minutes. Si Tigst Assefa n’a eu de cesse de se retourner au fil de la course, craignant un éventuel retour de la championne olympique, le principal danger étant en réalité à ses côtés, en la personne de Joyciline Jepkosgei.
La Kenyanne connaissait par cœur les rues de Londres, où elle s’est imposée en 2021 et a encore pris la troisième place en 2024. C’est d’ailleurs elle qui a pris la plupart des relais lors de la seconde moitié de course, mais a finalement craqué aux abords des 35 kilomètres face au rythme imposé par Tigst Assefa, lancée vers le record. L’Ethiopienne termine en revanche loin de celui établi par Ruth Chepngetich lors d’une course mixte, en 2 h 9 min 57 s, en octobre 2024, à Chicago.
Kiplimo et Kipchoge battus par Sawe
Chez les hommes, le record du monde aussi semblait menacé, avec un plateau d’une densité rare. Le champion olympique Tamirat Tola, le tenant du titre Alexander Mutiso Munyao ou encore Jacob Kiplimo était tous sur la ligne de départ. Si ce dernier ne s’était encore jamais aligné sur un marathon, il était particulièrement scruté après avoir battu le record du monde du semi-marathon de 48 secondes à Barcelone, en février (56 min 42 s).
La meilleure marque sur la distance reine – détenue par le Kényan Kelvin Kiptum, décédé en 2024, en 2 h 00 min 35 s – semblait dans les cordes de l’Ougandais, voire la mythique barre des deux heures, sur laquelle toutes les stars de la discipline se sont pour l’instant cassé les dents. Très rapidement ce dimanche, il a pourtant paru clair qu’aucun de ces deux chronos ne serait approché. Kiplimo a finalement terminé deuxième (2 h 03 min 37 s), battu par le Kényan Sabastian Sawe (2 h 02 min 27 s), qui s’est échappé en faisant l’impasse sur un ravitaillement dans le dernier quart de la course, contrairement à ses adversaires.

Avant même cette accélération, la figure de la discipline Eliud Kipchoge avait rendu les armes, et fait une croix sur ses ambitions d’une cinquième victoire à Londres. Du haut de ses 40 ans, l’ex-recordman du monde admettait avant la course que « les jeunes sont meilleurs que lui ». Il disait toutefois vouloir « les inspirer, leur montrer le chemin ».
On a souvent vu Kipchoge aux avants postes dans le groupe de tête, mais le poids de l’âge s’est finalement senti et le Kenyan n’est pas parvenu à pousser le reste de ses adversaires vers la barre des deux heures, qu’il a lui-même franchi une fois, sans que le chronomètre ne soit homologué, lors d’un événement organisé par l’un de ses sponsors, en 2019. A Londres, il a finalement terminé sixième (2 h 05 min 25 s).