C’est un des sites miniers les mieux préservés d’Europe. En activité de 1930 à 1990, le carreau de fosse 9-9 bis de Oignies (Pas-de-Calais), à mi-chemin entre Lille et Lens, affiche toujours de manière frappante la trilogie spatiale inventée par les compagnies minières pour exploiter avec avidité le charbon : une fosse d’extraction surplombée de deux chevalements (ces « ascenseurs » de métal pour descendre et remonter les mineurs), un terril pour empiler les résidus de houille et une cité minière pour loger les gueules noires et leurs familles.
Fréquenté depuis sa fermeture par les amoureux de patrimoine industriel – c’est ici que fut remontée la dernière gaillette de charbon du Nord-Pas-de-Calais en 1990 –, le 9-9 bis accueille samedi 24 mai un nouveau public : les amateurs de techno du NAME Festival. L’un des pionniers de ce genre musical avec les Nuits Sonores, à Lyon, et Marsatac, à Marseille, au début des années 2000.
Décor très « indus »
Après avoir écumé plusieurs villes de la région depuis sa naissance à Roubaix, il y a vingt ans, le NAME – pour Nord Art Musique Electronique – pose ses platines au 9-9 bis. Comme en 2024. « La perspective vers le haut qu’offrent les chevalements, les tuyaux de la salle des machines, les terrils en toile de fond… Le site est somptueux », justifie Fanny Bouyagui, directrice fondatrice de la manifestation. Comme de nombreux Lillois, la patronne d’Art Point M, l’association consacrée aux cultures underground à l’origine du NAME, ne connaissait pas le 9-9 bis, pourtant situé à moins de vingt minutes de la métropole. Lors d’une séance de repérage début 2024, cinq minutes après avoir posé le pied sur l’ancien carreau de mine, Fanny Bouyagui glisse à sa collaboratrice : « C’est chez nous. »
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