Comme beaucoup de festivals cet été, le Nice Jazz Festival a dû s’adapter, changer de lieu et ses dates pour exister au milieu des deux événements sportifs à retentissement international, les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques, à Paris. Habituellement organisés à la fin de juillet, les jours de concerts ont été déplacés de mardi 20 à vendredi 23 août. Les organisateurs en ont profité pour faire quelques aménagements, pour « lifter » ce festival créé en 1948, qui a connu son heure de gloire aux arènes de Cimiez de 1974 à 2011, avant de retourner en ville dans le jardin Albert-Ier, face à la promenade des Anglais.
Le nom a été raccourci en Nice Jazz Fest. Deux nouveaux espaces ont été ajoutés à ceux du Théâtre de verdure et de la scène Masséna : le village « Kind of Blue », pour les jams qui se déroulaient traditionnellement dans les hôtels après les concerts, et un club enfants pour que ces derniers s’amusent pendant que les parents profitent de la programmation encore plus éclectique que d’habitude.
En plus de très bonnes formations jazz qui ont ouvert cette édition, mardi 20 août, dont Isaiah Collier & the Chosen Few – qui a remplacé au pied levé l’éthio-jazz de Mulatu Astatke –, et de l’énergie soul de Thee Sacred Souls, groupe de San Diego, qui a proposé quelques chansons inédites de son deuxième album, à sortir en octobre, l’affiche s’agrémente, cette année, de grands noms du hip-hop international. De l’Irlandais Rejjie Snow, programmé vendredi 23 août, au R’n’B aéré de Sampha, jeudi 22, en passant par le champion new-yorkais de la rime Nas, qui était la tête d’affiche de cette première soirée.
Enfant de Queensbridge
Le fils du trompettiste de jazz Olu Dara promettait au festival de célébrer le trentième anniversaire de son album Illmatic (1994), déterminant pour l’écriture rap des années 1990. Au lieu de répéter le même concert que celui donné à Central Park, à New York, en août 2004, où il avait déjà fêté son classique, Nas a proposé aux Niçois d’apprécier l’ensemble de sa carrière, pas seulement cette année 1994, où il a traumatisé les fans de rap avec ses textes qui racontaient le blues des jeunes habitants du quartier de Queensbridge sur des musiques de DJ Premier ou de Pete Rock.
Sur la place Masséna, bondée, le rappeur est accompagné du DJ Green Lantern et du batteur Haze Amaze, avec, pour décor, en fond de la grande scène, des archives vidéo de l’émission « Soul Train », où le présentateur Don Cornelius (1936-2012) invitait alors les artistes funk, soul et rap des années 1970. Nas a toujours la tête d’enfant qu’il présentait sur la pochette de son album en 1994 mais n’a plus apparemment, à 50 ans, la même mémoire de ses innombrables et très denses raps. Trois prompteurs l’aident à se souvenir des textes.
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