Au moins 32 personnes ont été tuées dans de nouvelles violences entre sunnites et chiites dans le nord-ouest du Pakistan, pays majoritairement sunnite, a déclaré un membre de l’administration locale, à l’Agence France-Presse (AFP) samedi 23 novembre, rapportant la mort de « 14 sunnites et 18 chiites ».
Javed Ullah Mehsud, un autre membre de l’administration locale, a fait savoir à l’AFP que vendredi, « des centaines de magasins et de maisons [avaie]nt été incendiés » dans le secteur du marché de Bagan, dans le district de Kurram, situé dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, frontalière de l’Afghanistan. Un marché « principalement tenu par des sunnites », selon un haut gradé de la police à l’AFP, qui estime que ces violences sont le fait de « chiites en colère » qui, durant trois heures et « munis d’armes légères et automatiques et d’obus de mortier, ont tiré. Des sunnites ont répliqué », poursuit-il.
« Des efforts sont menés pour ramener la paix. Des forces de sécurité sont déployées et des jirgas [conseils tribaux] sont réunies », a complété Javed Ullah Mehsud. Mais, note un autre responsable, « nous n’avons pas assez de policiers et de personnels administratifs » dans cette ancienne zone tribale où le gouvernement fédéral et même le gouvernement provincial qui siège à Peshawar peinent à prendre pied. « Nous avons informé le gouvernement provincial que la situation était critique et qu’il fallait que des troupes supplémentaires soient déployées en urgence. »
Ces actes ont eu lieu après une journée de cortèges funéraires sous haute tension à Kurram, et de défilés de chiites – minoritaires au Pakistan – dénonçant un « bain de sang » commis la veille. Jeudi, une dizaine d’assaillants avaient tiré à vue sur deux convois transportant des familles chiites sous escorte policière dans cette région montagneuse. Au moins 43 personnes ont été tuées et « 11 blessés » se trouvent toujours dans un état « critique », selon les autorités.
Dans ce district de Kurram, de juillet à octobre, 79 personnes sont mortes dans des violences entre tribus chiites et sunnites, souvent nées de différends pour la terre, selon la Commission pakistanaise des droits humains (HRCP), principale ONG de défense des libertés du pays. La HRCP estime que « la fréquence de tels événements confirme que les gouvernements fédéral et provincial ont échoué à protéger la sécurité des citoyens ordinaires » et surtout à « contrôler la circulation d’armes dans la région ».
Selon des sources concordantes à l’AFP, ce sont 150 personnes qui sont mortes depuis l’été à Kurram, les hostilités reprenant à chaque fois malgré des trêves décrétées par des jirgas. Les différends réguliers entre tribus d’obédiences différentes portent notamment sur des enjeux tribaux, religieux et foncier, où la minorité chiite se dit victime de longue date de discriminations et d’attaques, notamment dans le district.