Tous les otages retenus après l’attaque d’un train par des séparatistes baloutches au Pakistan ont été libérés, après plus de trente heures d’affrontements dans lesquels 28 soldats et un paramilitaire ont été tués, a affirmé mercredi 12 mars un haut responsable militaire à l’Agence France-Presse.
Au total, « 168 otages ont été libérés, mardi, et 178, mercredi », tandis que « 27 soldats pris en otages » ont été tués, de même qu’un paramilitaire ayant participé aux opérations de sauvetage, a détaillé ce haut gradé sous le couvert de l’anonymat. De « 32 à 35 terroristes » ont été abattus, selon lui.
Mardi, des membres de l’Armée de libération du Baloutchistan – une région isolée à la frontière de l’Afghanistan et de l’Iran – avaient pris en otage le Jaffar Express reliant la capitale provinciale, Quetta, à la ville de Peshawar, dans le nord du pays, au Khyber Pakhtunkhwa. Le train transportait 450 passagers quand il a été arrêté vers 13 heures, heure locale (9 heures à Paris) par des hommes armés dans le tunnel ferroviaire de Mashkaf, qui traverse le col de Bolan à environ 157 kilomètres de Quetta et 21 kilomètres de Sibi. Ceux-ci auraient détruit à l’explosif la voie ferrée pour forcer le train à s’arrêter. Le conducteur a été tué. Les assaillants ont ensuite forcé les passagers à en descendre, gardant entre leurs mains ceux qui étaient originaires de provinces autres que le Baloutchistan ou liés aux forces de sécurité.
Des tirs intenses entre les membres de l’Armée de libération du Baloutchistan, le personnel de sécurité à bord et les forces de sécurité dépêchés sur place ont continué durant toute la nuit de mardi à mercredi. Des troupes pakistanaises se sont déployées au Baloutchistan, dans le sud-ouest du Pakistan, aux confins de l’Afghanistan et de l’Iran. Trente assaillants ont été abattus, ont affirmé des sources dans les organes chargés du maintien de l’ordre. Les autorités n’avaient jusqu’ici pas fait état de victimes parmi les otages ou dans les forces de sécurité, mais environ 150 cercueils sont arrivés mercredi à Quetta, la capitale provinciale.
Une recrudescence des attaques
Des passagers ont raconté à l’AFP avoir été relâchés et avoir ensuite marché pendant des heures pour atteindre la gare suivante, d’où un train les a pris en charge. Puis ils sont montés dans des cars pour aller jusqu’à Quetta. Mardi soir, un otage libéré a déclaré à l’AFP que les assaillants avaient « vérifié les papiers d’identité » des passagers et « mis à l’écart ceux qui étaient originaires du Pendjab », perçus comme dominant les rangs de l’armée, engagée dans la bataille contre les séparatistes. « Ils ont abattu deux soldats devant moi, avant d’en embarquer quatre autres vers je ne sais où », a-t-il poursuivi, refusant de donner son nom. « De nombreux paramilitaires et leurs familles étaient à bord du Jaffar Express pour partir en permission », a confié à l’AFP un officier à Quetta.
En février, l’Armée de libération du Baloutchistan (ABL) avait déjà revendiqué la mort de sept Pendjabis. En août 2024, ses combattants avaient tué 39 personnes, après avoir vérifié les cartes d’identité des passagers sur différentes routes avant de les abattre s’ils étaient pendjabis. Début novembre, ce groupe séparatiste avait posé une bombe sur un quai de la gare de Quetta et tué 26 personnes, dont 14 soldats.
Dans ses communiqués, l’ABL accuse « les généraux pakistanais et leur élite pendjabie » de « piller les ressources » du Baloutchistan, tandis que la société civile locale, qui organise régulièrement des sit-in appelant à la non-violence, accuse les autorités de procéder à des rafles de militants de la cause baloutche.
Le Pakistan connaît une recrudescence d’attaques, en particulier d’islamistes et de séparatistes, principalement au Baloutchistan et dans le Khyber Pakhtunkhwa, qui borde également l’Afghanistan. Le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d’Islamabad estime que l’année 2024 a été la plus meurtrière en près d’une décennie avec plus de 1 600 personnes ayant péri dans des attaques, dont 685 membres des forces de sécurité.