LETTRE DE CUZCO
Au Pérou, la pression exercée par les secteurs les plus réactionnaires de la société pour passer sous silence les crimes commis par l’Etat pendant le conflit armé qui l’a opposé à la guérilla communiste du Sentier lumineux, entre 1980 et 2000, inquiète. Le 6 mars était ainsi présentée au public à l’Université pontificale catholique du Pérou, à Lima, une version tronquée d’un classique du répertoire cinématographique péruvien : dans cette mouture du film La boca del lobo (La Gueule du loup), réalisé en 1988 par Francisco Lombardi et consacré aux années de terrorisme, les scènes impliquant un militaire coupable d’exactions avaient disparu.
L’événement avait pour but de dénoncer les effets de la censure sur la création artistique et culturelle. « Des groupes conservateurs sont mal à l’aise avec l’histoire et entendent faire taire certaines voix », déplore Zoraida Rengifo, présidente de l’Association péruvienne de presse cinématographique, qui participait à l’événement, en référence à des propositions de loi qualifiées d’« anticiné ». Dans l’une d’elles, retoquée au Parlement, « des députés d’extrême droite proposaient que le ministère de l’intérieur nomme des militaires pour faire partie d’une commission d’évaluation des financements d’un film », s’alarme-t-elle.
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