Le procès historique de Donald Trump a repris, jeudi 18 avril, à New York, avec la difficile sélection du jury, interrompue dès le début de l’audience par une jurée qui a finalement jeté l’éponge face à l’enjeu. Alors que le candidat des républicains à la présidentielle de novembre venait de s’asseoir dans le prétoire, le juge Juan Merchan a rouvert les débats en annonçant d’emblée que cette citoyenne new-yorkaise avait finalement fait part de « ses inquiétudes sur le fait d’être juste et impartiale ».
Cette jurée, identifiée par le code B280, a confirmé ses craintes, disant aussi avoir été reconnue par des proches, alors que le jury est censé être anonyme pour éviter les pressions. Dans la foulée, le juge a appelé tous les médias qui couvrent le procès à faire preuve de « bon sens » et éviter, par exemple, de donner des descriptions physiques des jurés. Après cet incident, le nombre de jurés est repassé de sept à six, sur douze requis, sans compter les six suppléants.
Un peu plus tard, un autre juré a été écarté après que les procureurs ont soulevé des questions sur l’exactitude de ses réponses au cours du processus de sélection. Il avait déclaré lors d’un interrogatoire ne pas avoir été condamné précédemment – or a été montré pendant l’audience un article datant des années 1990 dans lequel un homme portant le même nom avait été arrêté pour avoir déchiré des affiches politiques.
Donald Trump a affirmé mercredi sur son réseau Truth Social avoir tout juste découvert que le nombre de récusations de jurés était limité, criant une fois encore à la « chasse aux sorcières » orchestrée selon lui par l’administration du président démocrate Joe Biden. De fait, l’accusation et la défense ont déjà utilisé sept des dix récusations de jurés autorisées.
Le juge Juan Merchan avait déclaré espérer clore le processus de constitution du jury d’ici vendredi soir, ce qui permettrait aux plaidoiries d’ouverture de l’accusation et de la défense de débuter dès lundi.
La vie des jurés potentiels scrutée
Les jurés potentiels, citoyens anonymes plongés du jour au lendemain dans une affaire historique, voient leur vie scrutée. Ils doivent répondre à un long questionnaire sur leurs professions, situation familiale, sources d’information, centres d’intérêt, et leur opinion sur Donald Trump, mais aussi à des interrogations encore plus détaillées de l’accusation ou de la défense, qui a traqué tout signe de partialité possible à l’encontre des prévenus, notamment dans leurs publications sur les réseaux sociaux.
Premier ancien président de l’histoire des Etats-Unis à comparaître au pénal, Donald Trump est jugé dans une affaire de paiements dissimulés pour acheter le silence d’une ancienne star de films X, Stormy Daniels, à quelques jours du scrutin de 2016 qu’il avait remporté sur le fil face à la candidate démocrate Hillary Clinton.
Manœuvres frauduleuses
Plus de trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Donald Trump encourt en théorie une peine de prison. Cela ne l’empêcherait pas d’être candidat au scrutin présidentiel du 5 novembre, où il rêve d’une revanche sur Joe Biden, mais projetterait la campagne dans l’inconnu.
S’il était déclaré non coupable, ce serait en revanche un succès majeur pour le candidat républicain. D’autant plus qu’il est parvenu à force de recours à différer ses trois autres procès au pénal, deux pour tentatives illicites d’inverser les résultats de l’élection de 2020, et un pour gestion supposément désinvolte de documents classifiés.
Dans le procès commencé lundi, Donald Trump est inculpé de falsifications de documents comptables de son entreprise, la Trump Organization, qui auraient eu pour but de cacher, sous couvert de « frais juridiques », le paiement de 130 000 dollars à Stormy Daniels par son avocat personnel de l’époque, Michael Cohen. En échange, l’ex-star de films X avait accepté de taire une relation sexuelle avec le milliardaire en 2006. Donald Trump a toujours nié cette relation et sa défense assure que les paiements relevaient de la sphère privée. Mais le procureur Alvin Bragg entend démontrer qu’il s’agit bien de manœuvres frauduleuses pour cacher des informations aux électeurs quelques jours avant le vote.