Damien Iehlen est mort le 10 octobre 2008 à la clinique Saint-Vincent de Besançon, où il était venu pour une ablation du rein. Il avait 53 ans, c’était un homme plutôt sportif, il a fait un arrêt cardiaque juste après l’anesthésie, avant même l’opération. Suzanne Ziegler, elle, était là pour une prothèse de la hanche, le 14 octobre 2008. L’opération, là encore, n’avait pas débuté lorsque le cœur de cette femme de 74 ans s’est arrêté, juste après l’induction anesthésique.
Deux événements indésirables graves (EIG) mortels en quatre jours : du jamais-vu à Saint-Vincent, une incompréhension totale. L’hypothèse de l’erreur humaine a vite été écartée. On a d’abord cru à un problème médicamenteux, puis à une allergie, et finalement au syndrome pourtant rarissime de tako-tsubo – une crampe au cœur liée à un stress intense. A tout, sauf à une malveillance. « C’était improbable, personne n’aurait pensé à l’empoisonnement d’une poche [de soluté], a raconté Patrick Le Barre, mardi 23 septembre, devant la cour d’assises du Doubs, où l’anesthésiste Frédéric Péchier est accusé de trente empoisonnements. C’est purement machiavélique. »
Il vous reste 79.67% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.